Montréal ou Laval : Slafkovsky doit retrouver sa « game » et faire des points

Bien que j’aurais pu vivre avec n’importe quel choix entre Slafkovsky, Cooley et Wright lors du repêchage de 2022, ma préférence avait toujours légèrement penché du côté du gros Slovaque.

Plus puissant, plus costaud et un caractère fait pour les grandes occasions, fait pour Montréal.

Slaf m’inspirait confiance.

Beaucoup plus que Wright en tout cas.

Cooley?

Je me disais que l’Américain allait peut-être faire plus de points que Slafkovsky, mais qu’au bout du compte, Slaf allait en faire lui aussi, tout en apportant une dimension à la Nichushkin ou Rantanen qui venaient d’être fumants lors de la conquête de la Coupe Stanley par l’Avalanche du Colorado.

Et c’est probablement ce que se sont à peu près dit les dirigeants du CH, eux qui comptaient déjà sur Caufield et Suzuki dans le « style » de Cooley.

Le CH avait besoin de talent dans un plus gros gabarit dans son futur top 6.

C’est donc sans grande surprise que quelques semaines plus tard j’avais classé Slaf au premier rang des espoirs les plus importants du CH dans mon palmarès en 2022. Je voyais le #20 comme un morceau essentiel du casse-tête à long terme, un joueur déterminant dans les succès futurs de l’équipe en parcours éliminatoire.

La suite des choses

Plus de 15 mois après sa sélection par le Tricolore, Slaf n’a encore jamais joué un seul match dans la AHL, ni aucune autre ligue ou compétition.

Il a été le seul joueur de l’encan 2022 à évoluer comme régulier dans la LNH à 18 ans.

En gros, l’organisation montréalaise a décidé que le gros ailier slovaque allait poursuive son développement dans la LNH plutôt qu’en Europe ou à Laval ; Martin St-Louis allait en faire son projet.

La raison?

Physiquement prêt à jouer contre des hommes, Slafkovsky avait tant de choses à apprendre et à peaufiner dans son jeu qu’il était juste plus simple et logique de l’avoir sur place à Montréal.

Le TPS Turku n’était pas une option dans l’esprit des dirigeants montréalais, plutôt critiques envers l’idée de poursuivre le développement de Slaf dans le style de jeu hermétique de cette organisation.

Et tant qu’à l’envoyer à Laval, aussi bien qu’il reçoive les instructions directement de la bouche du cheval à Montréal.

Depuis, Martin St-Louis n’a jamais raté une occasion de vanter la capacité d’apprentissage de Juraj et de répéter qu’il voit chez lui un désir de s’améliorer et une progression constante dans son jeu.

On connait le reste de la chanson : Slaf a plus de touches, il est bien placé, les résultats vont venir en suivant le processus, etc.

Mais avec zéro but et seulement une petite passe à ses 25 derniers matchs tout en jouant 14 minutes par partie, incluant du temps de jeu en avantage numérique, le processus ne semble tout simplement pas mener à des résultats.

Pourquoi?

Deux raisons sautent aux yeux :

1) Tout simplement parce que Slafkovsky ne joue pas avec confiance.

2) Il ne joue pas avec confiance en bonne partie parce qu’il ne joue pas avec les bons joueurs.

Les deux raisons forment un cercle vicieux duquel il peut être difficile de s’extraire, on en conviendra!

Mais s’il y a deux problèmes, il y a au moins deux solutions possibles, et le cercle vicieux pourrait se transformer en cercle vertueux si on y voit.

S’il reste à Montréal, Slaf doit jouer avec Monahan

Mis à part les quelques minutes de grâce qu’il a pu connaître avec Kirby Dach avant la blessure de ce dernier au deuxième match de la saison (désolé pour ce triste rappel), les plus beaux élans de Slafkovsky dans la LNH se sont produits sur une toute aussi courte période l’an dernier aux côtés de Monahan.

Et tout ce que Monahan touche depuis le début de la saison se transforme en or (le PP, le PK, Gallagher, Pearson, les mises en jeu, etc.), alors pourquoi serait-ce bien différent avec Slafkovsky?

Juste lors d’une de leurs seules présences ensemble cette saison contre les Coyotes en 3e période, Monahan a débordé la défensive sur le flanc droit et est venu bien près de « connecter » avec le #20, qui fonçait droit au but.

S’ils refaisaient ce genre de convergence vers la cage adverse à quelques reprises, tout porte à croire que la rondelle se retrouverait au fond du filet tôt ou tard.

C’est le genre de séquence qu’on n’a pas vu entre Newhook au centre et Slafkovsky depuis qu’ils sont jumelés à Anderson.

Des combinaisons possibles…

Je ne suis pas contre l’idée d’essayer Slaf avec Suzuki et Caufield, pour la simple raison que ça ne peut pas être pire qu’avec Newhook et Anderson!

Mais pour monter sa confiance sans trop lui rajouter de pression subitement et pour aller dans le sens d’un développement adéquat dans la LNH (tant est qu’une telle chose existe), ma préférence irait nettement du côté de Monahan, un trio qui pourrait être complété par le vétéran Pearson à l’aile gauche.

Avec Pearson et Monahan, on aurait là deux joueurs calmes au jeu simple et efficace qui laisseraient l’espace nécessaire à Slafkovsky pour faire ses jeux tout en étant capables de les compléter et de l’épauler le long des rampes.

Mais suite au retour de Dvorak on pourrait aussi recréer en partie le trio du début de saison en replaçant Newhook à l’aile gauche. Monahan viendrait simplement remplacer Dach au centre des deux jeunots.

Après tout, avec Newhook à l’aile lors du premier match de la saison, ça avait donné deux buts pour ce dernier, dont celui-ci sur une superbe passe de Slafkovsky :

Avec Monahan au centre et Newhook à l’aile gauche, on ajoute une dimension de vitesse qui, comme on l’a vu, peut aussi être profitable.

Et ça laisserait la paire Gallagher/Pearson intacte en compagnie de Dvorak.

Je ne suis pas de ceux qui croient comme Stéphane Waite qu’il est IMPÉRATIF de laisser intact le trio de Monahan avec Gallagher et Pearson.

Il est beaucoup plus important pour le Canadien de placer Slaf et Newhook dans des conditions optimales que de « dorloter » Gallagher et Pearson, qui seront peut-être un peu moins productifs, mais vont simplement continuer à jouer à leur façon, peu importe leur joueur de centre.

Gallagher n’a-t-il pas passé une bonne partie des deux dernières saison avec Dvorak? Alors…

Une vitesse de jeu déficiente? Pas si sûr…

Je partage aussi plus ou moins l’opinion d’Arpon Basu dans son dernier texte au sujet de Slafkovsky.

Contrairement à Basu, je ne suis pas prêt à dire que Slaf ne joue pas à la vitesse de la LNH.

Du moins, ce n’est pas un problème aussi criant que les deux identifiés plus haut : confiance en soi et qualité des partenaires de trio.

S’il jouait avec confiance et plus de support, personne ne parlerait d’une vitesse de jeu déficiente dans le cas de Slaf.

Je trouve qu’il est souvent au bon endroit, rarement en retard, que ses lectures défensives et offensives sont généralement adéquates et c’est pour ça qu’il obtient un bon nombre de touches, comme le rappelle si bien MSL.

Sans dire que Slaf est parfait, loin de là, Newhook et Anderson offrent rarement de belles options en support de rondelle, entre autres, le long des rampes pour réussir le fameux cycle.

C’est pourquoi ce trio n’établit pratiquement jamais le jeu en territoire adverse ; il n’y a aucune chimie.

On a souvent vu Anderson et Newhook, tous deux devant le filet, à attendre la rondelle ou sont simplement trop loin de l’action, pas aux bons endroits, alors que le #20 se démène sur le bord de la bande contre deux adversaires…

Le QI hockey des deux autres ne semble pas suffisamment élevé et fait régulièrement mal paraître le jeune.

Et si rien ne va à Montréal?

Mais si on ne veut pas faire jouer Slaf avec Monahan, ou si pour une raison ou une autre rien ne fonctionnait à Montréal, Laval deviendrait l’option toute désignée pour redonner confiance au gros attaquant.

J’ai beaucoup moins de doute que Basu à cet effet.

Slafkovsky passerait aussitôt de 14 à 18-20 minutes de jeu, en plus d’évoluer sur la première unité du jeu de puissance.

Il aurait droit à l’erreur, la pression interne diminuerait et, forcément, la rondelle se retrouverait dans le net plus tôt que tard.

C’est probablement ce dont il a le plus besoin pour retrouver sa confiance : des buts et des points.

On ne sait pas s’il jouerait avec le brillant Joshua Roy, puisque celui-ci pourrait bien être désigné pour prendre sa place à Montréal, mais quoi qu’il en soit, à Laval, Slaf aurait la chance de redevenir le go to guy, ce qu’il était avant son repêchage avec l’équipe nationale slovaque.

Personnellement, je veux davantage voir Slafkovsky tenter des jeux, monter la rondelle en zone centrale, la conserver le plus possible en entrée de zone et amener l’action au filet ou profondément en territoire ennemi.

Je veux aussi le voir retrouver sa confiance en PP où, en plus de continuer à faire de belles passes, il doit surtout se mettre à tirer plus souvent et plus rapidement. Comme ici :

C’est pour ce genre d’aptitudes que le Canadien l’a repêché, pas pour faire des petites touches ici et là.

À cet effet, peut-être aussi que c’est en passant par Laval que Slafkovsky aurait le plus la chance de construire la confiance nécessaire pour atteindre un jour son véritable plafond.

Les joueurs qui sont en mesure d’atteindre leur plafond jouent tous sans aucune crainte de commettre des erreurs avec un confiance inébranlable.

Quoiqu’il en soi, il doit tout simplement retrouver sa game et s’il n’est pas capable de faire cela dans la game de Martin St-Louis à Montréal aux côtés de Monahan ou peu importe, c’est à Laval que ça devra arriver.

Et quand on pense aux parcours des Pacioretty, Rantanen, Draisaitl, Nichushkin, Pastrnak et compagnie, il n’y aurait absolument aucun mal à ça.

En somme, Slaf n’a pas à devenir LE meilleur joueur de l’encan 2022, mais s’il veut s’afficher un jour parmi les puissances de la ligue, le Canadien ne peut pas se permettre de rater le développement du puissant ailier qu’ils ont sélectionné au premier rang cette année-là.

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