Montréal : une destination envisageable pour Sidney Crosby?

Sidney Crosby ne mérite pas une aussi triste fin de carrière avec les Penguins. On ne saurait être davantage d’accord avec Martin Leclerc là-dessus.

Vu d’ici, parce qu’il a joué dans la LHJMQ, parce qu’il s’exprime bien en français, parce que son père Troy a été repêché par le Canadien en 1984, parce que le Tricolore est son équipe d’enfance, parce qu’il vient parfois en vacances au Québec et, tout simplement, parce que ça ferait une sacré belle histoire, disons-le, il est tout à fait naturel d’associer Crosby aux Canadiens comme destination possible de fin de carrière.

Mais est-ce que l’idée a du sens pour le CH et en a-t-elle pour Crosby qui évaluera sans doute quelques scénarios?

On a déjà rapidement évoqué la possibilité de voir Crosby à Montréal dans nos articles ici et ces derniers temps, mais plongeons plus rigoureusement dans l’analyse du dossier comme si on était dans la tête de Crosby et de Hughes.

Par la même occasion, ça nous fera un peu parler de construction, plutôt que de reconstruction ou de rénovations!

Du point de vue de Crosby…

Un athlète ne sera jamais perdant en affirmant qu’il désire terminer sa carrière avec l’équipe qui l’a repêché. C’est beau. C’est noble. C’est classy.

Crosby pourrait même tout simplement terminer son contrat à Pittsburgh et se retirer à 37 ans à l’été 2025.

Mais comme pour plusieurs grands et moins grands joueurs avant lui – Brodeur, Bourque, Koivu et j’en passe – il est loin d’être certain que son parcours se terminera avec son équipe d’origine.

Crosby a toujours suivi un régime de vie spartiate (peu ou pas d’alcool, etc.) ce qui explique en bonne partie son rendement spectaculaire pour un joueur de son âge, surtout à 5 contre 5.

Il a facilement trois autres bonnes années dans le corps et Il sait qu’il peut encore grandement aider une équipe dans un rôle de premier plan.

Crosby est un gagnant d’abord et avant tout. Perdre doit le ronger de l’intérieur en ce moment et il réalise sûrement que ça ne fera que s’empirer l’an prochain.

Une décision dès cet été?

Il est certain que Crosby s’assoira avec Kyle Dubas à la fin de la saison et discutera de son avenir. Après tout, il sera éligible à une prolongation de contrat dès le 1er juillet et tout le monde voudra savoir à quoi s’en tenir.

C’est pourquoi je crois que, d’un commun accord, il se laissera tenter par l’idée d’aller terminer sa carrière ailleurs plutôt que de moisir à Pittsburgh.

Et si on s’entend que la décision finale lui reviendra, où pourrait-il avoir le goût d’aller?

Boston, Colorado…

Bien sûr, Crosby a deux grands amis néo-écossais bien connus : Brad Marchand et Nathan MacKinnon.

Les deux évoluent justement dans des organisations qui ne cracheraient pas sur un centre de sa trempe et qui pourraient s’organiser pour faire des offres intéressantes aux Penguins.

Casey Mittelstadt par-ci, Pavel Zacha par-là, des choix au repêchage, etc.

Boston et Colorado peuvent encore penser à la Coupe pour quelques saisons et tout ça a sans doute de quoi plaire énormément au principal intéressé.

Le Massachusetts n’est aussi qu’à quelques heures de la Nouvelle-Écosse et le Colorado n’est pas le pire endroit pour jouer au hockey…

Ou Montréal?

Mais, à ce compte, Montréal, une organisation bien menée, sur la pente ascendante et une belle ville assez le fun si on sort des caricatures de « cônes orange », n’est pas tellement plus loin de Cole Harbour.

C’est en fait pratiquement impossible que Crosby n’ait pas au moins une petite pensée pour le Canadien.

Le Néo-écossais a toujours fièrement représenté son pays et faire partie d’une équipe qui vise à ramener la Coupe Stanley au Canada dans un avenir raisonnable serait de nature à lui offrir une grande motivation en fin de carrière.

Voilà un défi emballant si on ne craint pas la pression!

Crosby connaît assez bien Suzuki pour l’avoir côtoyé au Match des étoiles et, sur une note plus légère, lui a même déjà prêté des pantalons (!) à cette occasion.

Il est aussi un ancien coéquipier de Mike Matheson et s’entraîne l’été avec Justin Barron, pour qui il a déjà eu de bons mots.

Puis, bien sûr, il a gagné la médaille d’or à Sotchi avec un certain Martin St-Louis comme coéquipier…

Bref, il aurait déjà un beau petit fan club en arrivant.

À Montréal, Crosby pourrait remplacer des figures paternelles comme Price et Weber, présents en 2021 en finale de la Coupe avec les Suzuki et Caufield.

En tant que doyen d’un noyau talentueux sur le point d’atteindre un niveau de maturité intéressant, il viendrait enlever une tonne de pression sur les épaules des jeunes, tout en ne l’ayant pas toute sur les siennes.

Un beau rôle digne de ce « Béliveau des temps modernes », comme le qualifie Martin Leclerc dans le même article.

Puis, il y a l’amour et le respect profond des Montréalais à son endroit.

S’imaginer au Centre Bell plusieurs samedis soirs par année pendant quelques saisons, y connaître l’ivresse des séries, avoir la chance d’y accomplir quelques exploits mémorables, comment tout ça pourrait ne pas parler à un athlète de sa trempe?

Bref, je ne vois pas pourquoi Crosby barrerait Montréal de ses destinations possibles.

Au contraire, être dans ses souliers, la métropole québécoise figurait assez haut sur ma liste. Un endroit, où il pourrait ajouter toute une conclusion à sa légende et accroitre son legacy.

Mais, Boston et Colorado s’y retrouveraient aussi et les chances de Coupe Stanley y seront plus grandes à très court terme. Et il y a peut-être d’autres endroits qui pourraient le tenter…

Alors, ce sera à lui de choisir le genre de défi qu’il souhaite pour sa fin de carrière.

Dans la tête de Hughes…

D’abord, au plan hockey, Crosby me semblerait présenter un profil assez intéressant aux yeux du CH.

En grande forme, toujours très compétitif, un leader naturel pour le jeune noyau, triple gagnant de la Coupe Stanley, les médailles d’or, etc. Crosby aurait beaucoup à offrir au Tricolore.

Puis, l’argent ne poserait pas problème.

Dès cet été, Kent Hughes aurait le budget pour accueillir le salaire de Crosby et lui offrir un nouveau contrat qui le conduirait jusqu’en 2027-2028, soit au zénith du processus global de reconstruction du CH entamé en 2018.

Crosby ne commandera pas 12 M$ lors de son prochain contrat. On chuchote qu’il rechercherait une entente de trois ans oscillant autour des 10 M$ annuellement…

Ce n’est pas déraisonnable pour un joueur comme lui.

Une courte prolongation de trois ans est également intéressante pour Hughes, une alternative probablement plus tentante que de courtiser des joueurs plutôt douteux au début de la trentaine avec de longs contrats de 7-8 ans.

La question principale pour Hughes (et peut-être pour Crosby) se rattache toutefois au timing.

Est-ce que l’été 2024 est le bon moment pour amener une pièce comme Crosby? Est-ce trop tôt?

Si notre analyse des dernières semaines est à peu près correcte, que le CH en est rendu à l’an 6 ou 7 de sa reconstruction globale (depuis , disons, l’acquisition de Suzuki en 2018) et que 2023-2024 marque la dernière saison où on visera plus volontiers le dernier que le premier rang, alors c’est certainement l’heure de penser à construire, à agrandir, à ajouter des pièces.

Le défi est de déterminer si Crosby sera encore très performant quand le noyau montréalais atteindra son apogée quelque part entre 2026 et 2028. Sid the kid vaudra-t-il encore son pesant d’or rendu là?

La réponse de Hughes devrait être oui.

Crosby est un athlète bien au-dessus de la moyenne et si un joueur vedette intelligent comme Joe Pavelski flirte encore avec le point par match à 39 ans, un joueur générationnel et déterminé comme Crosby – s’il continue à se tenir loin des blessures – n’aura aucun mal à performer jusqu’à 40 ans.

Le pire qui pourrait arriver serait qu’il ralentisse un peu offensivement, mais il demeurerait très efficace sur 200 pieds ; un genre de deuxième centre bien au-delà de la moyenne.

Et quoi qu’il arrive avec un Crosby dans la formation, on peut être certain qu’il ferait grandir quelques « jeunes » à ses côtés, laissant derrière lui un bel héritage.

Que pourrait offrir Hughes aux Penguins?

Est-ce que Hughes pourrait être agressif dans ce dossier dès cet été au point d’offrir un choix top-7 en juin prochain?

Ça me semblerait déraisonnable un brin, considérant qu’il manque encore quelques pièces de fondation au jeune noyau de l’équipe et qu’il restera encore des futurs joueurs vedettes de 18 ans à cueillir gratuitement dans les estrades, même au 6e et 7e rang.

S’agira de choisir le bon!

Cela dit, le Tricolore pourrait facilement faire des offres intéressantes aux Penguins.

Il pourrait céder son choix de fin de première ronde en 2024 (Jets) et/ou le choix de premier tour des Flames en 2025 (qui ne sera pas un choix top-10 de toute façon).

Il pourrait aussi inclure un ou deux jeunes défenseurs et/ou des attaquants comme Owen Beck et Filip Mesar.

Bref, un package de 3-4 jeunes de qualité susceptible de plaire aux Penguins ne serait pas difficile à imaginer et assembler.

Le « dossier Crosby »  fera jaser aux quatre coins de la LNH dans les prochains mois. C’est déjà le cas.

Et Montréal, pour toutes les raisons évoquées, ne sera pas en reste.

Loin de là.

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