Nancy Audet a frappé à sa façon le monde du sport en décembre lorsqu’elle a tweeté qu’il était difficile d’être une femme dans le milieu médiatique sportif.
Elle a alors été invitée à parler de sa réalité – ancienne, puisqu’elle a quitté TVA Sports à la fin de l’année 2020 – avec Patrick Lagacé (98,5 FM)…
Puis, elle était l’invitée de Marie-Louise Arseneault à Dans les médias hier, sur les ondes de Télé-Québec.
Si vous n’avez pas regardé l’épisode d’hier, je vous invite à le faire PAR ICI.
Nancy, qui a quitté le monde journalistique à la fin de l’année 2020, a clairement polarisé sa position dans la tête de plusieurs de ses anciens collègues. De nombreuses personnes ont adoré la voir dire ce qu’elle a dit, alors que d’autres – certains de ses anciens patrons notamment – ont dû le prendre de travers. Mais qu’a-t-elle dit au juste? En gros, elle a confié ceci :
– Nancy Audet a confié qu’elle a quitté son emploi chez TVA Sports parce qu’elle n’arrivait plus à faire son métier, notamment au niveau de l’éthique journalistique. Elle s’est rendue compte qu’il était difficile de bien faire son travail journalistique dans le monde des médias sportifs.
– Audet a confié que le Canadien, comme toutes les équipes sportives montréalaises, était très intense avec le contrôle qu’il souhaitait avoir chez les journalistes. Tout est formaté, même les joueurs, et ça ne donne donc pas toujours du contenu très intéressant.
«C’est immédiat!» – Nancy Audet
Nancy ajoute qu’un patron qui te demande, suite à ces appels-là, de changer le titre d’un article ou le contenu de celui-ci, c’est chose fréquente dans le milieu. Elle espère que les choses vont changer car au final, c’est le client/partisan qui en est le grand perdant.
– Nancy Audet a aussi rappelé qu’au départ, elles étaient neuf femmes à lancer la chaîne TVA Sports… neuf femmes qui ont cru qu’elles auraient droit à leur place. Mais selon Nancy, la place à laquelle elles ont eu droit, c’était en façade, dans un rôle secondaire.
«La résistance constante pour les journalistes sportives, c’est tellement difficile. Un jour, tu abdiques.» – Nancy Audet
L’ancienne journaliste a tenu à préciser qu’elle ne ressentait jamais une telle chose avec les athlètes. Seulement avec les gens du milieu journalistique…
– Nancy a aussi rappelé qu’on ajoutait constamment des analystes et des donneurs d’opinion chez les divers médias, tout en coupant dans les journalistes et les recherchistes… qu’on ne va plus chercher les faits, on ne fait que commenter ceux que l’on nous donne. On sert de moins en moins le public ainsi.
Pendant ce temps, les équipes sportives créent leur propre contenu et les journalistes ont de moins en moins de place.
«Il va falloir que le milieu apporte des changements majeurs si on a envie de survivre et de mieux servir les gens. Il va falloir faire de la vraie couverture. Il faut laisser les journalistes travailler. Il faut arrêter de venir à leur bureau» – Nancy Audet à Dans les médias
On a souvent dit à Nancy Audet au cours de sa carrière de ne pas sortir une nouvelle exclusive ce qui au final, revenait à lui dire de ne pas faire son travail.
Est-ce que ça va changer dans les années à venir? Disons qu’on s’enligne plutôt vers l’inverse, soit plus de contrôle et plus d’ingérence…
Est-ce que l’on va faire un virage à 180 degrés?
Prolongation
Simon-Olivier Lorange (La Presse, qui n’est pas partenaire d’aucune équipe sportive) a indiqué que l’expérience décrite pas Nancy Audet n’était pas représentative du journalisme sportif.Sincèrement, je suis à RDS depuis 1989 et je n’ai jamais vu ça dans notre salle des nouvelles. Jamais.
— Luc Gelinas (@LucGelinasRDS) January 7, 2021
Luc Gélinas (RDS) a aussi dit la même chose.
Sincèrement, je suis à RDS depuis 1989 et je n’ai jamais vu ça dans notre salle des nouvelles. Jamais.
— Luc Gelinas (@LucGelinasRDS) January 7, 2021
Et je n’ai jamais entendu parler d’un collègue qui s’est fait demander de modifier sa couverture parce qu’une organisation ou un commanditaire avait fait pression. Jamais.
— Luc Gelinas (@LucGelinasRDS) January 7, 2021
Christine Roger (Radio-Canada) a quant à elle confirmé que ça lui était déjà arrivé.
Je suis (légèrement) plus jeune que toi, mais un représentant d’une organisation sportive qui me « suggère » de modifier un texte, j’ai déjà vécu ça. Plus d’une fois même. 🤷♀️
— Christine Roger (@ChristineRoger) January 7, 2021
Semble-t-il que la différence serait la suivante : certains employeurs et certains médias accepteraient de répondre aux demandes des organisations, d’autres non. Certains médias et certains patrons seraient plus malléables que d’autres…
https://twitter.com/glefrancoisLP/status/1347017306409472004
Qu’une organisation s’essaie, c’est une chose (plate). Ça vient de tous les domaines, notamment la politique. C’est quand le patron de presse ne défend pas son/sa journaliste qu’il y a un problème. Et tout un.
— Simon-O. Lorange (@SO_Lorange) January 7, 2021
Sur la couverture du Canadien, mes patrons ne sont jamais venus me voir à la suite de pression de l’organisation. Point.
Donald Beauchamp a souvent essayé de me faire la morale. Dominick Saillant n’a pas toujours aimé mes reportages. Mais mes boss ont toujours été derrière moi
— Luc Gelinas (@LucGelinasRDS) January 7, 2021
Moi, mes patrons, je ne crois pas qu’ils soient très malléables avec les organisations sportives, hehe.