Pour le Canadien, tout est à peu près possible au prochain repêchage et, évidemment, toutes les idées ont déjà été lancées ou presque :
– Échanger le 3e choix contre un joueur établi (centre ou défenseur)
– Joindre Pacioretty à ce 3e choix et faire une méga transaction
– Conserver le 3e choix et échanger Pacioretty
– Descendre de quelques rangs pour mettre la main sur un des centres Kotkaniemi ou Veleno et possiblement un autre choix de première ronde ou un espoir de qualité.
– Etc.
Tout cela n’est pas impossible et il faudra certainement garder un oeil sur les Rangers qui ont trois choix de premier tour.
Mais si on regarde le passé, les équipes qui repêchent dans les trois premières conservent plus souvent qu’autrement leur choix.
Il s’agit alors de ne pas se tromper.
Ainsi, les Blue Jackets ne regrettent sans doute pas la sélection de Pierre-Luc Dubois en 2016. Mais les Oilers se mordent encore les doigt d’avoir suivi le courant en jetant leur dévolu sur Puljujarvi un rang plus tard au lieu de se tourner vers Sergachev ou McCavoy, par exemple…
Penser valeur et penser futur de la LNH
C’est pourquoi le talent du joueur ET les besoins de l’équipe doivent être pris en considération lors du repêchage
Mais si on combine ses deux éléments on arrive à quoi?
Peut-être à quelque chose qui ressemble à la valeur du joueur.
Sa valeur d’usage pour l’équipe qui le sélectionne, mais aussi, plus généralement sa valeur dans la LNH.
La valeur, on le sait, est déterminé par l’offre et la demande.
Or, si on regarde les tendances des dernières années, mise à part les joueurs de centre élite, les pions les plus en demande, et donc, qui valent le plus cher sur le marché des transactions, sont les jeunes défenseurs mobiles, capables de contrôler le jeu. Leur utilité est grandissante pour n’importe quel club souhaitant être compétitif.
Regardez les défensives des équipes du dernier carré d’as en séries : Vegas, Washington, Winnipeg, Tampa Bay.
Et Nashville n’était pas trop loin…
La relance rapide de l’attaque et le contrôle de la rondelle, voilà ce qu’est la LNH aujourd’hui et ce qu’elle sera demain.
Les jeunes défenseurs mobiles et talentueux valent chers et la tendance ne se renversera pas de sitôt.
Pour mettre la main sur le jeune Seth Jones, les Blue Jackets ont dû céder un très bon premier centre, Ryan Johansen.
Pour soutirer le relativement jeune et immensément populaire P.K. Subban aux Canadiens, les Preds se sont départi de leur grand leader (quoi qu’on en pense…), Shea Weber.
Pour acquérir le pourtant relativement modeste Adam Larsson, les Oilers se sont départi de nul autre que Taylor Hall, un ancien 1st overall, devenu depuis un, sinon le meilleur ailier gauche de la LNH.
Pour acquérir la 9e sélection du repêchage de 2016, une certain Mikhail Sergachev, le Lightning a laissé aller la troisième sélection de l’incroyable repêchage de 2013, Jonathan Drouin.
Accompagné de quelques choix de première ronde, c’est toujours bien Samuel Girard (un choix de 2e ronde en 2016) qui a jusqu’ici été le « gros joueur » obtenu par l’Avalanche dans la méga-transaction de Matt Duchene/Kyle Turris, deux centres top 6, d’anciens très hauts choix au repêchage dans leur prime.
Les Flames ont dû céder un choix de première (15e au total en 2015, avec lequel ils auraient pu repêcher Matthew Barzal ou Kyle Connor!) et deux choix de deuxième ronde aux Bruins pour mettre la main sur Dougie Hamilton.
On s’amuse, n’est-ce pas?
Continuons notre réflexion et spéculons un peu.
Que faudrait-il sacrifier aujourd’hui pour obtenir des jeunes défenseurs talentueux qui commencent à peine à éclore? Pour Morgan Rielly? Pour Charlie McCavoy?
Réponse : Rien en deçà d’une offre impossible à refuser, comme dans la quasi-totalité des exemples répertoriés. Autrement dit, pour en obtenir un, il faut sacrifier un bras ou une jambe à quelque part.
Le CH aura l’occasion d’en cueillir un « gratos » au 3e rang, gaucher de surcroît.
Son nom : Quinn Hughes.
https://youtu.be/W5xKNmuAIaI
Quoi penser du cas de ce jeune américain?
Malgré son modeste gabarit (5’10, 170 lbs), le plafond de Quinn Hughes est à mon sens semblable à celui de Morgan Rielly. Un peu moins costaud que Rielly en 2012, mais encore plus mobile, plus créatif, meilleur sens du jeu et meilleure vision, meilleur défensivement aussi.
Il me fait penser à un jeune Brian Leetch ou encore à un Duncan Keith plus aventureux.
Tout ce talent, juste là, prêt à être cueilli.
Où seraient les Oilers s’ils avaient repêché Rielly, Lindholm, Dumba ou Trouba à la place de Yakupov en 2012?
Ils n’auraient peut-être pas échangé Hall pour Larsson et n’auraient sans doute pas raté les séries lors de cinq des six saisons suivantes…
Est-il prêt? Non? Pas grave!
À défaut de s’être vu confier un important temps de jeu et de grandes responsabilités, Hughes m’a semblé être le plus talentueux défenseur des États-Unis lors du dernier Championnat du monde, et cette équipe comptait tout de même sur les services de Charlie McCavoy, Will Butcher et Alec Martinez, pas exactement des chaudrons…
Il faut donc mettre en perspectives ses deux petites passes et sa fiche honorable de +4, en 10 matchs à ce championnat. Ses « petites minutes » étaient choisies. On aurait aimé que les coachs le fasse davantage jouer. Il le méritait.
Mais dans l’ensemble il a très, très bien paru, jouant avec confiance et faisant preuve de créativité et d’audace en possession du disque, autant à cinq contre cinq qu’en supériorité numérique.
À mon sens, ses performances lors de ce tournoi ont enlevé tous les doutes à son sujet : Quinn Hughes jouera très bientôt dans la LNH (disons, la saison 2019-2020 si on veut lui laisser le temps de rajouter un peu de muscle) et il sera un défenseur de premier plan.
« Mais Svechnikov ou Zadina seront assurément prêts, eux! »
À moins d’une petite envie nationaliste tchèque pour joindre Zadina à Necas, les Canes devraient normalement choisir Svechnikov au deuxième rang. Plus jeune, plus gros, globalement meilleur que Zadina.
Cela dit, si jamais Svechnikov était disponible au 3e rang, j’avoue que le choix entre lui et Hughes serait des plus déchirants et les téléphones risqueraient de sonner pas mal à la table du Canadien…
Mais bon, faisons comme si tout se déroulait normalement…
De son côté, Zadina aura probablement une brillante carrière dans la LNH. J’adore Zadina. Il a été mon coup des cœur du Championnat junior des moins de 20 ans, l’hiver dernier. Lever le nez sur lui comporterait une part de risque.
Mais même s’ils devient l’attaquant, le buteur, qu’on entrevoit en lui, un ailier pouvant produire entre 60 et 80 points, aura-il le même impact sur un club de hockey qu’un défenseur mobile, potentiellement élite, capable de jouer 25 minutes par match?
Le CH n’est pas à une année près de la Coupe Stanley, il est à quelques joueurs d’impact près. Ça et un petit changement d’attitude shooté à la Golden Knights…
Quoi qu’en dise la valeur de la marque « Canadien », une autre année sans participer aux séries, voilà ce qu’a probablement le plus besoin le CH au plan hockey.
Un an, le temps pour Quinn Hughes de jouer avec son démentiel jeune frère Jack au Michigan et, par la même occasion, ça donnerait une meilleure chance au Tricolore de repêcher ce même Jack (qui joue au centre) au premier rang en 2019!
Bref, avec un peu de patience, Hughes pourraient grandement faciliter la vie et la fin de carrière de Shea Weber…et faire mieux paraître l’Échange de Bergevin.
Hughes pourrait simplifier le jeu des attaquants du CH en leur refilant la rondelle au bon moment au bon endroit plus aisément que n’importe quel arrière de l’organisation.
Bref, avec Quinn Hughes le Tricolore aurait la rondelle plus souvent et ses nombreux bons ailiers seraient mieux alimentés, leur talent serait davantage maximisé.
Ce qu’ils ont pu souffrir avec Alzner à 21 minutes par match, les pauvres…