Depuis le début de la saison, le Canadien de Montréal trimballe trois gardiens de but. Ça, vous le savez. Ce que vous savez aussi, c’est que ce n’est pas une situation habituelle dans le monde du hockey. Ce n’est pas pour rien… personne n’aime ça!
Avoir trois gardiens avec l’équipe, ça veut dire que Martin St-Louis se retrouve à jongler avec un groupe déséquilibré, soit à douze attaquants, soit à six défenseurs (au lieu d’avoir un extra sous la main). Je vous promets qu’il se passerait volontiers de ce casse-tête supplémentaire.
Ça veut aussi dire que les hommes masqués ne peuvent jamais vraiment prendre leur erre d’aller. Tu as une bonne performance, pas grave. Faut que tu cèdes ta place parce que Samuel Montembeault veut du temps de jeu de #1. Parce que Jake Allen attend son tour. Parce que Cayden Primeau ne doit pas être tenu trop longtemps loin de l’action pour ne pas nuire à son développement.
Même à l’entrainement, c’est du trouble. Je ne sais pas si vous avez déjà remarqué, mais il n’y a que deux buts sur une patinoire. Ce n’est pas pour rien. Ça va avec le nombre de gardiens normalement dans une équipe. Avoir trois gardiens, ça implique donc d’avoir moins de répétitions à l’entraînement, moins de temps de qualité avec Éric Raymond, l’entraîneur des gardiens, et d’avoir une moins bonne cohésion avec les défenseurs parce qu’il y a moins d’opportunités de pratiquer des séquences de jeu avec eux.
Donc, j’en reviens au point de départ qui est que PERSONNE n’aime ça.
Alors pourquoi Kent Hughes fait subir ça à son monde?
Pour ne pas perdre Cayden Primeau au ballottage et ne rien obtenir pour lui en retour?
Assurément.
Mais peut-être aussi parce qu’il avait besoin d’obtenir des réponses avant de prendre certaines décisions. Le dévoilement cette semaine du fait que Samuel Montembeault et le Canadien de Montréal ont entamé les négociations en vue d’en venir à une entente laisse à croire que Hughes aurait finalement obtenu ces réponses.
Dans le dernier épisode du podcast Tellement hockey de Radio-Canada, on apprend de la bouche d’Alexandre Gascon que cette nouvelle a été une surprise dans la communauté journalistique attitrée à la couverture de l’équipe.
« On en parlait avec Marc Antoine (Godin) qui a discuté avec des gens de l’organisation […] et l’impression qu’on avait, c’est que ce n’était pas clair que Hughes voulait prolonger l’association. » – Alexandre Gascon
Depuis le début de la saison, le Canadien trimballe trois gardiens de but. Oui, c’était pour conserver Primeau, mais c’était aussi, pour obtenir des réponses et Hughes semble maintenant les avoir.
Je me répète, je sais.
La réponse qu’il a obtenue, c’est qu’il ne peut pas se permettre de ne pas prolonger Samuel Montembeault, car c’est sûrement lui le numéro un de l’équipe, maintenant. Même si, au départ, le DG n’avait pas vraiment cette possibilité en tête selon ce que l’on comprend des dires de Gascon.
Martin St-Louis n’est donc pas le seul à avoir de la difficulté à donner de l’amour à Monty. Si vous écoutez bien les points de presse du coach, c’est difficile pour lui d’être franchement élogieux envers le petit gars de Bécancour. Ça lui vient beaucoup plus facilement pour Allen, je vous le dis.
Mais il y a plus que ça dans ces quelques mots du journaliste de Radio-Canada.
Premièrement, il sait que Montembeault n’est pas un peu de paille et qu’il peut assumer le rôle de numéro un devant une jeune équipe. Que les défaites par de gros pointages n’affectent pas sa confiance et qu’il sait rebondir. Qu’il peut tenir le fort en attendant que d’autres options émergent (si nécessaire) en Jakub Dobes, Jacob Fowler, Quentin Miller ou Joe Vrbetic.
Deuxièmement, il sait que Cayden Primeau continue sa progression et qu’il a montré une confiance étonnante en ses moyens lorsqu’il a été envoyé dans des matchs. Il a été particulièrement solide lors de l’affrontement contre les Red Wings. Il sait aussi qu’Éric Raymond peut le faire progresser encore plus en passant du temps de qualité avec lui. Cayden Primeau lui en a montré assez pour se voir confier le rôle de numéro deux de l’équipe.
Troisièmement, il sait que Jake Allen vieillit. Qu’il n’en donne peut-être pas assez pour son salaire. Qu’il est à risque de blessures. Quand on y pense froidement, ce n’est pas réjouissant ce que l’on sait sur Jake Allen. Dans le fond, rien de tout ça ne crie le mot avenir, alors que l’organisation surfe depuis deux ans sur l’idée de vendre son futur aux partisans.
Le journaliste poursuit sur sa lancée en émettant ce qui me semble être une hypothèse très juste :
« Advenant une prolongation de contrat, ça veut dire que c’est la sortie pour Jake Allen. » – Alexandre Gascon
Depuis le début de la saison (vous connaissez la suite de la phrase maintenant)… Mais ça pourrait ne plus être le cas bientôt. Tout le monde déteste avoir trois gardiens de but dans une équipe et Kent Hughes semble avoir choisi sur quels chevaux il souhaite miser pour l’avenir.
Reste à voir où pourrait bien atterrir Jake Allen s’il est échangé et ce que Hughes réussira à obtenir en retour. Je ne serais pas surpris que le DG ne puisse pas faire de miracle cette fois-ci. Il devra, selon moi, soit accepter de retenir une partie du salaire du cerbère ou récupérer un autre mauvais contrat s’il veut recevoir une contrepartie intéressante.
Mais ça, c’est un sujet que nous pourrons creuser plus en profondeur une prochaine fois.