A new level
Of confidence
And power
-Phil Anselmo, Pantera (Vulgar Display of Power, 1992)
Ahhhh la tendre poésie de Pantera : un nouveau niveau de confiance et de puissance!
Tout ça devrait être de la douce musique aux oreilles des partisans de la Flanelle ces jours-ci.
Pas sûr qu’il soit un grand fan de Pantera, mais ce nouveau niveau de confiance et de puissance, c’est un peu ce que semble avoir atteint le capitaine du Canadien Nick Suzuki après avoir cogné à la porte de Kent Hughes pour lui dire de n’échanger personne à la date limite des transactions.
Pour lui dire aussi que son club allait faire les séries.
Et tout ça suffit bien sûr amplement pour relancer le grand débat de la place de Nick Suzuki dans la hiérarchie des centres de la LNH!
Je suis souvent d’accord avec Simon « Snake » Boisvert autant dans ses évaluations des espoirs (sauf pour Trevor Connelly!) que dans sa vision de la (re)construction d’une équipe de hockey et de ce que ça prend pour bâtir un club gagnant.
Je suis cependant un peu moins d’accord avec sa définition d’un « vrai premier centre », même si j’en saisis le principe.
En gros, selon la définition du « Snake » les pivots de cette nature sont « capables de dominer le jeu soir après soir, présence après présence. On les voit sur la glace, leur domination saute aux yeux ».
Toujours selon Boisvert, il n’y en aurait qu’une poignée d’individus de ce genre dans toute la LNH.
Ce serait ces neuf personnes bien connues : Connor McDavid, Nathan MacKinnon, Leon Draisaitl, Jack Eichel, Auston Matthews, Jack Hughes, Sidney Crosby, Alexander Barkov et Brayden Point.
Tout juste derrière ce groupe sélect de « vrais premiers centres », on retrouverait les « borderline » Mark Scheifele, Tim Stützle et Sebastian Aho.
Et enfin, juste un peu plus loin, on aurait Robert Thomas, Nick Suzuki et disons, Mathew Barzal et Anze Kopitar.
Difficile de trouver de quoi à redire sur ce « top-16 ». On a certainement là les 16 meilleurs joueurs de centres de toute la LNH en ce moment… avec une petite pensée pour Macklin Celebrini.
Or, selon moi, on a tous là de « vrais premiers centres »!
Sans tomber dans la logique mathématique un peu bêbête qu’il y a 32 équipes, donc, 32 premiers centres – qui voudrait de Sean Couturier, Matty Beniers, Steven Stamkos ou de Elias Lindholm comme premier centre ? – il me semble que la définition du Snake est un peu trop restrictive. Son top-9 de « vrais premiers centres » ne cible en fait que la crème de la crème, l’élite ++.
Pour ma part, en gros, un « vrai premier centre » c’est un joueur qui serait le meilleur centre dans une majorité de clubs de la LNH et qui, en théorie, bien entouré, serait assez bon dans son rôle pour gagner la Coupe Stanley.
Ainsi, si je suis prêt à dire que McDavid et MacKinnon forment un tiers à eux seuls, et, qu’à la rigueur, en bonne santé, Draisaitl, Eichel, Matthews, Hughes, Barkov et Crosby en forment un autre, il n’y a pas vraiment de grande distinction à faire entre les autres après eux quand on considère tous les facteurs en jeu ci-nommés.
En ce moment, Suzuki, parmi les meilleurs pointeurs de la LNH depuis la pause des 4 nations, joue facilement comme un centre top-10 dans la LNH. À 25 ans, il semble avoir atteint son apogée.
Nick Suzuki
First Canadiens player with an 80-point season since Alex Kovalev in 2007-08#GoHabsGo pic.twitter.com/sq41z1lw3e
— Sportsnet Stats (@SNstats) April 4, 2025
Et l’an prochain ce sera peut-être à Marco Rossi, Macklin Celebrini ou je ne sais trop qui d’atteindre ce niveau. Tout ça bouge et change au gré des saisons. On ne parle pas de minéraux précieux dont certains seraient à jamais plus purs que d’autres et qu’on pourrait ainsi clairement distinguer.
Des joueurs vieillissent, d’autres se blessent, certains connaissent des petites baisses de régime ici et là, d’autres progressent, prennent de la maturité, deviennent mieux entourés, deviennent de meilleurs leaders, etc.
Tout ça est dynamique, biologique et « organique » et s’inscrit dans des microcosmes sociaux différents d’une équipe à l’autre.
En somme, c’est fluide, ça bouge ces affaires-là, et ça laisse donc place au débat.
Pour moi, ce qui est le plus important au final – qu’il soit capable de « dominer le jeu soir après soir, présence après présence » ou non – c’est que le centre numéro d’une équipe soit assez bon pour gagner la Coupe Stanley moyennant un bon effectif autour de lui.
Ce ne sont pas nécessairement les « top-tiers » de ceci ou de cela et les meilleurs de telle ou telle catégorie qui résistent à toutes les tempêtes et gagnent des Coupes Stanley : ce sont les équipes bien construites qui misent sur de bons matériaux aux bons endroits.
Car, oui, aussi bons soient-ils et bien qu’ils soient passés tout près l’an dernier, à 28 ans et 29 ans, Connor McDavid et Leon Draisaitl n’ont toujours pas réussi à gagner la Coupe Stanley, et la raison principale en est que leurs patrons ne sont toujours pas parvenus à leur fournir un club assez solide autour d’eux.
On pourrait dire à peu près la même chose de Matthews à Toronto.
Or, des centres beaucoup moins bons et talentueux qu’eux comme Patrice Bergeron, Anze Kopitar, Jonathan Toews et Ryan O’Reilly y sont parvenus parce qu’ils ont pu évoluer dans des clubs mieux construits ET parce qu’ils étaient assez bons pour conduire (du latin, conducere, « mener ensemble ») la locomotive à défaut de la tirer à eux seuls.
Eichel et Barkov, aussi bons soient-ils, ont eux aussi réussi à remporter la Coupe en conduisant des clubs très complets, « battis pour les séries ».
MacKinnon a remporté les grands honneurs en 2022 avec une superbe équipe autour de lui, mais n’est même pas repassé proche après la perte des Kadri et Landeskog (blessure à long terme). On verra ce qu’il fera cette saison avec les ajouts des vétérans Brock Nelson et Charlie Coyle et le retour probable de son capitaine suédois.
Je ne déteste pas les chances du Colorado cette année…
Bref, on comprend que gagner la Coupe uniquement grâce à un super centre dominant relève du mythe. Même deux ne suffisent pas parfois.
Ça prend un effectif complet de qualité supérieure et sans grande faiblesse pour tout rafler.
Ton centre numéro 1, un peu comme ton gardien numéro 1 et ton défenseur numéro 1 doit s’inscrire positivement dans cet effectif et être juste assez dominant au bon moment pour relever le défi.
Suzuki, à 21 ans, avec ses 16 points en 22 matchs (différentiel de moins-6) a presque été assez bon comme premier centre en 2021 pour remporter les grands honneurs avec un Canadien « bâti pour les séries », mais très imparfait.
C’est un Brayden Point TRÈS bien entouré qui y est parvenu.
Le très jeune Suzuki n’était pas le premier centre idéal et certainement pas le joueur qu’il est aujourd’hui.
Peut-être que Danault (1 but, 3 passes en 22 matchs) n’était pas le 2e centre optimal lui non plus.
Puis, que dire de Tyler Toffoli et d’un Cole Caufield, encore tout vert, comme meilleurs ailiers?
Et assurément que Weber – qui n’a jamais rejoué et qui tenait avec de la broche et du duct tape rendu là – n’était pas le défenseur numéro 1 rêvé, même s’il était bien appuyé par les Petry, Chiarot et Edmundson.
Enfin, même un gardien générationnel comme Price, lui aussi très amoché et en fin de parcours, n’avait pu colmater toutes les lacunes de l’équipe devant lui.
En somme, le CH de 2021 n’était pas assez fort à deux positions clés sur trois en plus de manquer de profondeur à l’attaque.
Mais le portrait a déjà pas mal changé. En plus d’un Suzuki à maturité, la sélection d’un power forward comme Slafkovsky, l’arrivée de Hutson et un Caufield plus complet, Montréal a déjà moins de faiblesses aux positions clés. Puis, dans les années à venir, avec l’arrivée des Demidov, Reinbacher, Hage et certainement un ou deux autres joueurs de qualité, l’équipe aura un des meilleurs noyaux de toute la LNH.
Un jour peut-être pas si lointain, Capitaine Suzuki devrait donc être un premier centre assez bon pour conduire ce groupe à la Coupe Stanley.
Du moins, en théorie!