Comment juger la carrière d’un athlète comme Carey Price à Montréal? C’est une question que la haute direction du CH devra se poser le jour où elle réfléchira à la possibilité de retirer ou non le chandail de l’un des meilleurs gardiens de l’histoire de l’organisation. Est-ce que le fait qu’il n’a pas de Coupe Stanley comme les immortels de la Sainte-Flanelle lui coûtera la chance de voir son numéro dans les hauteurs du Centre Bell? Ou bien tiendra-t-on compte de son implication dans la communauté, de ses statistiques dignes des meilleurs gardiens de l’histoire et du fait qu’il a porté à bout de bras son équipe pendant de longues années pour dire que c’est assez?
Chose certaine, la saga le concernant depuis quelques jours ne doit pas faire partie du portrait global de son évaluation, encore moins de l’évaluation au grand complet comme le suggère Jack Todd, journaliste à The Gazette.
Jack Todd: Canadiens can never retire Carey Price’s jersey after this https://t.co/TviWyI7wkM#GoHabsGo pic.twitter.com/WE57tF5IS2
— Montreal Gazette (@mtlgazette) December 11, 2022
Dans son plus récent texte, Todd prétend que Price a terni son image pour toujours et que le Canadien ne peut plus en bonne conscience penser à retirer son chandail. Il mentionne que Price n’avait qu’à garder le silence au lieu de s’affirmer et qu’il se battra personnellement, au nom des 14 victimes de la fusillade de la Polytechnique, pour que le numéro 31 ne soit jamais retiré par l’équipe.
Ce sont des propos très lourds écrits par Todd et il faut prendre une seconde pour regarder le portrait global de la situation. Price a commis une grave erreur, loin de moi l’idée de banaliser son geste. Il n’aurait jamais dû s’associer avec une compagnie qui utilise le mot « Poly » comme code promotionnel. Il aurait dû s’informer sur l’arme qu’il avait sur sa photo, qui ne serait pas interdite par la nouvelle loi, et sur le groupe qu’il a appuyé. Et il le sait, il s’en est excusé.
Price a tellement donné à Montréal. Non, il n’a jamais parlé français, mais sa présence est encore ressentie, autant dans la mémoire des gens que dans la communauté. Souvenez-vous de ses arrêts miraculeux en séries éliminatoires en 2021, de sa saison 2014-2015 phénoménale, mais surtout souvenez-vous de ses actions à l’extérieur de la patinoire : Le jeune Anderson Whitehead qu’il avait consolé à la suite du décès de sa mère, par exemple. Il l’avait invité à la cérémonie de remise des prix de la LNH. Price s’est montré humain et courageux en acceptant de l’aide du programme spécialisé de la ligue pas plus tard que l’an dernier. Et soudainement, celui qu’on a acclamé lors de son retour il y a 8 mois est n’est plus digne d’une considération pour avoir son chandail retiré?
C’est insensé. Pensez-vous que Carey Price s’est levé un 2 décembre 2022 avec des intentions de planter un autre couteau dans la plaie des familles des victimes? De planter un coup de couteau à une ville, une province, une nation qui lui a ouvert les bras il y a 17 ans suite à son repêchage? Posez ces questions et vous y répondrez et malgré la grave erreur qu’il a commise, erreur pour laquelle il s’est excusé je le répète, il ne faudrait pas que l’émotion l’emporte sur le raisonnement.
Carey Price, c’est beaucoup plus que ses 712 matchs, sa moyenne de 2,51 et son pourcentage d’arrêt de 0,917, c’est quelqu’un qui aura marqué Montréal pendant 15 ans. Il a été présent lorsque le CH se cherchait un héros et ses partisans, une raison de croire à la Coupe Stanley. Il ne faut jamais l’oublier, et c’est là-dessus qu’il faudra se baser pour décider si son chandail mérite d’être retiré ou non.