Cher Patrice,
J’avoue ne pas trop savoir comment débuter ce texte. J’ai écrit et effacé puis ré-écrit et effacé encore…
J’étais bien conscient que la fin arriverait, qu’elle approchait. On l’était tous, tout au long de la saison, même si on refusait de vraiment le réaliser. L’Impact étant l’Impact, on a tous plus ou moins rêvé à un fameux plot-twist ou tu annonçais finalement ton retour pour une autre année.
Mais voilà qu’à un peu plus de 24 heures de tes dernières 90 minutes en carrière, force est de se rendre à l’évidence, c’est la fin. J’aurais aimé que ce moment ne vienne jamais, mais je sais pertinemment qu’il faut respecter ta décision, et aussi qu’elle est la meilleure pour toi. Je reste convaincu que tu aurais eu le talent et l’énergie pour en jouer au moins une ou deux autres, mais si l’homme que tu es a décidé que c’était l’heure, alors ce l’est.
Les hommages pleuvent pour toi Patrice cette semaine, et tu peux en être fier. D’une part parce que tous les hommes de soccer de la province reconnaissent ton talent et ton apport, mais aussi et surtout par la place médiatique et sociale que prend l’annonce de ta retraite.
Tu le sais, tu as joué pour l’Impact de Montréal avant la MLS. Tu sais qu’il n’y a pas si longtemps, c’était une poignée de spectateurs qui s’entassaient au Centre Claude-Robillard devant un spectacle qui n’avait rien de celui d’une première division américaine.
Ça semble si loin, mais ce ne l’est pas. L’Impact a fait des pas de géants à Montréal, en grande partie grâce à toi.
Comme plusieurs Québécois, j’ai grandi avec des patins dans les pieds, mon sport a toujours été le hockey et le Canadien de Montréal mon équipe, coûte que coûte. Pour moi et pour plusieurs, le soccer était d’abord et avant tout un sport d’été, qu’on pratiquait entre deux saisons de hockey, un sport peu coûteux, simple à organiser, un «sport de rechange». Dans ma tête, surtout, le football se jouait avec un ballon ovale, et pas avec les pieds.
Puis, un peu par hasard, j’ai découvert cette équipe, cette famille, cette communauté. L’Impact de Montréal est devenu mon équipe, et à travers elle j’ai découvert toute la beauté de ce sport, toute son étendue, sa complexité. À travers l’Impact j’ai découvert les grands championnats, la Ligue des Champions, la Ligue Europa… Et je sais ne pas être le seul. À travers tous les Montréalais qui supportent le bleu-blanc-noir à défaut d’être près de leur équipe « originale » (qu’elle soit italienne, anglaise, portugaise…), il y a désormais une toute autre génération qui supporte ce club avec passion, qui l’a sur le coeur, dans les bons comme les moins bons moments, qui vit et qui respire au même rythme qu’elle, qui observe et découvre le foot mondial via le prisme de l’Impact de Montréal.
Ça, Patrice, c’est en grande partie grâce à toi. Tu nous ressembles, on se voit en toi, on se reconnaît en toi, en ta manière de parler, d’agir, de jouer, de vouloir, d’aimer ce club et cette ville. Mais surtout, on voudrait être toi, on te prend en modèle, on te cite en exemple. Ton humilité, ta force de caractère, la pureté de ton jeu, ton courage, ta résilience… Tu inspires Patrice, sans le vouloir, sans chercher à le faire. C’est à mon sens l’une de tes plus grandes qualités, et celle qui fera de toi un excellent entraîneur, à Montréal ou ailleurs.
Tu es celui qui nous permet de croire qu’un petit gars d’ici peut non seulement se rendre à ce niveau, mais y être une pièce importante, capitale. Dans chaque Anthony Jackson, Samuel Piette et tous les autres qui viendront, qui seront aimés et adulés par la foule, par leur foule, il y aura un peu, beaucoup de toi.
Alors voilà, merci Patrice, merci capitaine.
Merci d’être revenu pour faire partie de ce projet alors que tu aurais très bien pu demeurer en Europe.
Merci d’être resté, malgré les entraîneurs moyens et les trop longs passages sur le banc.
Merci d’avoir respecté et encouragé notre rôle de supporter, d’avoir été parfois l’un des seuls à venir nous saluer, nous remercier après un match, peu importe le résultat.
Merci pour ton jeu, d’une pureté, d’une volonté et d’une beauté sans pareilles.
Merci pour ces buts, ces passes, ces victoires, ces contrôles, ces petits tours sur toi-même balle au pied pour t’éloigner d’un adversaire qui seront devenus ta marque de commerce.
Merci d’avoir été notre porte-étendard, de nous avoir permis de nous voir en toi, de nous avoir permis de rêver.
En ces jours où être Montréalais, être Québécois, est un peu difficile, voire lourd, merci Patrice de nous offrir cette opportunité de lever la tête et de remercier chaudement l’un des nôtres pour hier, pour aujourd’hui, et pour demain.
Au fil des prochaines années, d’autres Québécois prendront ton flambeau, d’autres joueurs porteront le brassard sur le terrain. Mais jamais, dans nos coeurs et dans nos têtes, tu ne seras remplacé, Patrice.
Tu es et seras toujours, à jamais, notre capitaine.
Merci
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ALLONS!