Où en sont les vedettes du repêchage de 2014? | Nikita Scherbak, le choix logique

Il y a eu Sidney Crosby, Nathan MacKinnon et Alexander Ovechkin. À l’autre bout du spectre, il y a aussi eu Alexandre Daigle, Patrick Stefan et Doug Wickenheiser. Le repêchage est une science inexacte truffée de surprises et de déceptions. Jusqu’ici, que peut on dire de la cuvée de 2014? Regard sur la progression des vedettes du dernier repêchage.

Aaron Ekblad

Il a 18 ans et il est bâti comme s’il en avait 25. Le développement d’un défenseur est un long marathon, mais Ekblad défie la logique. Il cumule déjà 20 minutes de temps de glace par joute, pilote le premier duo de défense et affronte les meilleurs éléments adverses avec les vétérans Brian Campbell et Willie Mitchell. Ça ne s’arrête pas là : Ekblad affiche des statistiques exorbitantes dans tous les départements : possession de rondelle, points, revirements provoqués, différentiel, nommez-les tous. La cerise sur le Sunday : il peut quarterback un jeu de puissance. Aaron Ekblad a tous les outils pour devenir un Erik Johnson 2.0. Dalle Talon ne s’est pas trompé, Ekblad est le jeune défenseur le plus dominant depuis Drew Doughty.

William Nylander

Les dirigeants des Leafs ont pris une décision difficile avant le début de la saison. Ils auraient certainement pu user du dynamisme de Nylander, mais ils ont préféré le renvoyer une dernière année en Suède. On voulait qu’il affute son sens du hockey encore un brin. Le suédois ne souffre pas du tout du syndrome post-LNH ; il s’amuse comme un enfant dans une ligue d’adulte, la SHL. Mieux encore : il performe à plus vive allure que tous les vedettes suédoises ayant anciennement joué dans le circuit. Oui, oui, il a mis Peter Forsberg, Markus Naslund, Mats Sundin et les jumeaux Sedin dans sa poche arrière. Son travail dans les trois zones reste à améliorer, mais les Leafs sont assurés de miser sur un joueur de talent.

Je vois en Nylander le joueur de centre qui séparera enfin Tyler Bozak et Phil Kessel, au grand plaisir des partisans torontois. Retenez quand même votre souffle, car ce ne se fera pas du jour au lendemain. Le jeunot devra à priori faire ses marques à l’aile, en plus de dégager une conscience défensive digne de ce nom.

Sam Reinhart

La plus grande déception de cette cuvée jusqu’à date…

Mais que peut-on vraiment lui reprocher? Buffalo n’est décidemment pas l’environnement optimal pour développer les jeunes. Le talentueux Mikhail Grigorenko y a fait chou blanc, Nikita Zadorov et Rasmus Ristolainen connaissent des débuts modestes, puis Jake McCabe a encore été renvoyé dans la LAH. Reinhart est bon, mais il n’est pas le monstre de talent capable de renverser de ses propres mains la tendance de son club. Son utilisation sur un 4e trio et son temps de jeu sporadique n’ont fait que brimer sa confiance.

À une époque où la possession de rondelle est maîtresse, un joueur aussi cérébral que Reinhart – il lit le jeu quelques nanosecondes avant tout le monde – a de quoi faire baver les équipes régulièrement dominées au chapitre des tirs.

Dans quelques années, le Vancouvérois surprendra la planète LNH avec la même intelligence et lucidité qui lui a permis de fracasser les rangs juniors. Entre temps, Buffalo accueillera le vrai Messie, que ce soit McDavid, Eichel ou Hanifin.

Leon Draisaitl

La mouture européenne de Joe Thornton. Ce centre costaud se veut un fin passeur de même qu’un bon marqueur. Mais ça, c’était dans le junior. Bien qu’il ait montré à l’occasion quelques beaux flashes offensifs, sa feuille affiche 5 points en 20 matches. Son implication à l’autre bout de la patinoire est tout aussi ordinaire. Dallas Eakins lui fait commencer 84% de ses présences en territoire offensif. Pour un 3e choix au total, ce n’est pas la mer à boire. Encore un espoir victime de la médiocrité de son équipe, ou peut-être, simplement, du laxisme de son compagnon Benoit Pouliot…

La patience est de mise avec ce pivot format géant. Rappelons que Thornton n’avait produit que 7 points en 55 matches lors de sa saison recrue.

Sam Bennett

Bennett est une sorte de Johnny Gaudreau, plus costaud, plus gritty et un tantinet moins dynamique. Il a somme toute bien performé en pré-saison avant d’être tenu à l’écart du jeu pour une blessure à l’épaule, un bobo qu’il traînait depuis l’an dernier, semble-t-il. Le pugnace ailier devrait retourner au jeu d’ici 3 mois. On présume qu’il regagnera les rangs juniors à des fins de réhabilitation, mais aussi à des fins de développement. Après tout, rien ne garantissait sa place dans l’alignement des Flames au début des camps…

Le CH devrait-il regretter son choix?

Le CH a jeté son dévolu sur Nikita Scherbak à l’aide du 26e choix au total. N’eut été de son passeport russe, l’ailier droit des Silvertips aurait pu facilement grimpé dans le top-15.

A-t-on gaffé en sélectionnant Scherbak? Pour répondre à la question, il faut analyser les 27, 28, 29 et 30e choix. La progression des joueurs qui n’avaient pas encore trouvé preneur au 26 échelon dictera la justesse de la sélection du CH à ce stade-ci de la saison.

Nikolay Goldobin

Après une impressionnante récolte de 94 points en 67 matches avec la pire équipe de la ligue de l’Ontario, le Sting de Sarnia, Goldobin a mis le cap vers la Finlande pour se mesurer à des hommes en SM-Liiga. Le Russe n’a pas mis trop de temps à s’adapter ; il affiche déjà 8 points en 11 matches et revendique la 4e meilleure moyenne de points par match de son équipe.
Néanmoins, son jeu défensif soulève des doutes. Goldobin compile le pire différentiel de son club (-7). Certains recruteurs vont jusqu’à dire que Goldobin est inefficace contre les joueurs robustes et semble complètement perdu dans son territoire par moments. Le frêle ailier droit de 5’11 a réussi à chasser certaines de ces critiques avec de solides performances en pré-saison. Même qu’il est passé bien près de se tailler une place avec le grand club!

Tout compte fait, Nikolay Goldobin se veut un attaquant débordant de créativité munie d’un excellent tir, mais son physique, son coup de patin et sa fouge ne se comparent pas à Nikita Scherbak.

http://www.youtube.com/watch?v=kMp4ScKM7II

Josh Ho-Sang

Parfois, je me surprends à me demander si Ho-Sang, à défaut d’être un choix lointain de 1ère ronde, finira par coiffer Dal Colle dans l’organigramme des Islanders. Pourtant, Dal Colle est un 5e choix au total et il présente de meilleurs chiffres. À vrai dire, le cas de P.K. Subban me revient toujours à l’esprit. Un paquet de talent à la confiance inébranlable, une attitude teintée d’un juvénile je m’en foutisme… Ho Sang et Subban, c’est le même combat. Sauf que Subban s’est finalement bien développé, en grande partie grâce au duo Therrien-Bergevin qui n’entendait pas le regarder s’amuser encore longtemps…

C’est tout de même un choix relativement risqué. Les Islanders ont peut-être entre les mains le prochain Mike Ribeiro. Si c’est vraiment le cas, je ne m’en réjouirais pas trop.

Avant d’être échangé au IceDogs de Niagara la semaine dernière, Ho-Sang traînait les Spitfires de Windsor à bout de bras ; avec une récolte de 19 points en 11 matches, il surpassait le deuxième pointeur de l’équipe, qui comptait un point de moins en 20 joutes. Son différentiel de -2 relève presque de l’exploit, car son équipe était bonne dernière dans la conférence de l’Ouest, présentant un dossier de 7 victoires et 12 défaites. Rien pour l’aider, sa nouvelle formation croupit encore plus bas dans le classement général de la ligue avec un dossier de 6 gains et 14 revers. En espérant que ça lui forge le caractère!

Côté talent, on ne peut pas dire que Scherbak et Ho-Sang sont nez-à-nez. Mais ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose que Timmins, pour une fois, se soit abstenu de jouer au poker. C’est bien beau prendre des risques, mais à la longue on finit inévitablement par se brûler.

Adrian Kempe

Un Suédois atypique: Kempe est un attaquant de puissant en devenir prônant un style de jeu nord-sud. Il manie bien la rondelle dans la circulation lourde et exploite sa vitesse pour faire reculer la ligne de défense.

Dean Lombardi, comme vous le savez tous, est très peu actif. C’est que les Kings n’ont pas à transiger pour mettre le grappin sur des bons joueurs : ils les repêchent, eux. Force est d’admettre que Los Angeles se trompe rarement en 1ère ronde, quand ils y ont le droit de parole bien entendu.

Les Kings n’ont surpris personne en arrêtant leur choix sur Kempe, un joueur qui épouse parfaitement le moule du club. Voilà un autre gros attaquant doté de bonnes mains qui attaque le filet avec conviction. Justin Williams, malgré son efficacité légendaire quand ça compte, montre des signes de ralentissement. Également, Mike Richards semble destiné à quitter la Californie pour accommoder le plafond salarial. Kempe fera son entrée dans la grande ligue plus tôt qu’on ne le pense.

L’an passé, Kempe a eu besoin de 45 joutes pour obtenir 11 points. Il a égalé cette marque en seulement 22 matches cette saison. N’oublions pas qu’il se frotte à des adultes dans la SHL.

Fait intéressant : Kempe joue avec William Nylander pour le club de Modo. L’an passé, le gros Suédois s’alignait avec Kirill Kabanov.

L’omission de Adrian Kempe POURRAIT faire mal au Canadien si Scherbak ne devient pas l’attaquant top-6 qu’on attend de lui. Honnêtement, un attaquant de puissance rapide avec un certain talent, ça ne peut pas nuire.

Ne me méprenez pas, les chances que Scherbak échoue sont bien minces…

John Quenneville

À mon humble avis, les Devils ont mis la main sur un choix de 2e ronde, borderline 1ère ronde. Quenneville pratique un style fougueux; son éthique de travail n’a jamais été remise en question. Bien qu’il peut jouer les grinder, il fait preuve d’une bonne vision du jeu et effectue un travail honnête dans les trois zones.

«Defensively, Quenneville is very strong and well developed.  He offers great support to his defenceman both in back pressure on the rush, and in defending the cycle game down low.  He is decent in the face-off circle for a 17-year-old and again should only get better with experience.  He anticipates plays well and cuts down passing and shooting lanes.  Willing to play physical in all three zones, and even willing to drop the gloves, he can be a really pest to the other team’s top players.» – lastwordonsports.com

Certains dépisteurs osent le comparer à Anze Kopitar, mais il ne faut pas charrier… Dans le meilleur des mondes, Quenneville deviendra un ailier (ou un centre: il est franchement versatile) hargneux sur un 3e, voire 2e trio.

Le Canadien possède un espoir avec un profil semblable en Jacob de La Rose. Nikita Scherbak était donc le choix logique.

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