Oui, on peut encore critiquer le travail des arbitres en 2024

L’erreur est humaine…

Décroche, c’est juste un match de soccer…

Ce n’est pas grave, personne n’est mort…

Oui, oui et oui ! Mais non…

Je vous explique. Dimanche dernier, mon fils et son équipe U15 Union LDP (AAA) ont disputé la demi-finale provinciale de leur championnat face à Montréal-Centre. L’équipe gagnante allait avoir la chance de se mesurer au club de Rivière-des-Prairies… et le vainqueur de cette finale à venir (champion provincial, donc) représentera le Québec aux championnats nationaux (octobre / Ontario).

Bref, mon fils jouait la fin de semaine dernière avec comme objectif de représenter le Québec face à l’Ontario, la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse et les autres provinces canadiennes le mois prochain.

Malheureusement, l’équipe de mon fils a perdu son match aux tirs au but.

Le problème, c’est qu’ils avaient gagné le match durant le temps réglementaire. Alors que le score était de 0 à 0 et qu’il ne restait pas beaucoup de temps au cadran, un coéquipier de ti-Max a marqué sur un superbe coup franc. L’un des plus beaux buts de l’année!

Mais le but a été refusé.

Pourquoi ? Parce qu’il y avait un trou dans le filet et que le ballon a ressorti par ce trou-là, alors qu’il aurait dû rester dans le fond du filet en temps normal. Et quand je dis trou, je veux dire ÉNORME TROU. Voyez par vous-mêmes :

(Crédit: Maxime Truman)

Ils ont finalement perdu aux pénos : 0 (6) – 0 (5).

Bref, 18 jeunes ont passé 12 mois à travailler fort avec pour objectif de participer à ces championnats nationaux… et ils se sont fait voler cette chance-là parce qu’il y avait un fu*king trou de la grosseur de mon bureau de travail dans le filet.

Oui, l’erreur est humaine. Une faute pas appelée… un carton trop sévère… un péno exagéré… mais un trou pas vu/réparé qui influe sur un voyage formateur pour une vingtaine de jeunes ?

Je coach depuis environ 10 ans – je suis formé et licencié pour le soccer extérieur (Licence C) ET le futsal (RSEQ) – et je comprends qu’il est inacceptable en tant qu’adulte de tomber sur le dos d’un jeune arbitre qui gère un match U8 local un dimanche matin à Ste-Marie-Salomé et qui commet une erreur de jugement.

Sauf que là, on parle d’arbitres issus du programme de reconnaissance provinciale de Soccer Québec qui, théoriquement, sont parmi les meilleurs au Québec.

Mais dimanche, ces «meilleurs arbitres là» ont…

1. Omis de vérifier les filets, ce qu’ils doivent faire selon le protocole de Soccer Québec, ou vérifier sans avoir corrige la situation. Quand il y a un tel trou, le match ne doit théoriquement pas se jouer sans qu’il soit réparé ou que les deux entraîneurs n’acceptent de jouer dans ces conditions là. Ça ne s’est pas passé ainsi. Les officiels ont botché leur travail de préparation.

2. Omis de se placer au bon endroit sur le terrain lors d’un coup franc qui, au final, résulte en « tu voyages pour représenter ta province ou tu restes chez toi. »

Avec un tel trou, il y aurait fallu qu’ils soient bien placés…

3. Omis d’exiger la présence de drapeaux aux quatre coins du terrain (corners), tel que suggéré par Soccer Québec.

4. Empêché les entraîneurs de procéder à des changements avant la prolongation, alors que les règlements de Soccer Québec stipulent que des changements illimité sont permis à ce moment-là.

5. Parlé de façon inapproprié aux entraîneurs des deux équipes qui étaient calmes et qui demandaient des explications tout au long de la rencontre. Du genre : « Parlez-moi pas, c’est moi l’arbitre, c’est moi qui décide. »

On ne parle donc pas ici d’une erreur de jugement à vitesse réelle. Ça, j’en vois à toutes les semaines et je deal bien avec.

On parle d’une incompréhension des règlements, d’un manque de préparation (avant et sur le terrain), d’une attitude inacceptable de la part de quelqu’un qui doit gérer/contrôler le match (diminuer la température de la rencontre, et non l’inverse) et d’un manque de professionnalisme évident.

Pourquoi est-ce que je vous écris tout ceci ce matin ? Parce que je souhaite que Soccer Québec prenne connaissance de ce qui s’est passé dimanche dernier. Pour l’instant, tous les courriels et appels – autant du club que des gens présents dans les estrades – sont restés sans réponse. C’est comme s’il ne s’était rien passé…

Je ne souhaite pas lancer la pierre à un individu ici, c’est pourquoi je ne nommerai pas les arbitres qui ont erré dimanche. Ce n’est vraiment pas l’objectif de mon approche.

Je veux plutôt sensibiliser les gens responsables du fait que non, un arbitre n’est pas immunisé contre toute critique. Un officiel, comme tout employé d’ailleurs, doit être responsable et imputable lorsqu’il manque à ses obligations. C’est un principe que j’enseigne à mes enfants depuis qu’ils ont l’âge de parler : assume et si tu as erré, excuse-toi. Surtout si c’est parce que tu étais au-dessus de tes affaires, que tu ne connaissais pas tes dossiers ou que tu t’es mal comporté avec autrui.

Si je suis l’un des meilleurs de ma profession, que je botche pas dans ma préparation au travail et que ça a des conséquences, quelqu’un va venir me le dire.

Je pense que les jeunes de l’Union de Lanaudière-Sud méritent des explications et des excuses pour pouvoir tourner la page.

Un protêt a été déposé officiellement, mais je doute du pouvoir réel de celui-ci. Il risque de tomber entre deux craques.

Je me répète, parce que certains comprennent bien ce qu’ils veulent comprendre : je ne critique pas les calls des arbitres ici (fautes, hors-jeux, etc.). Je critique le manque de professionnalisme dont j’ai été témoin et qui, au final, a de tristes conséquences pour plusieurs jeunes qui méritaient mieux. L’intégrité du jeu a été atteint et c’est inacceptable à mes yeux.


Maladie rare
Ceux et celles qui me suivent ici et à la radio/podcast depuis quelques années savent que mon fils a été diagnostiqué avec une maladie rare il y a trois ans.

Il était à la pré-académie de l’Impact et suite à quelques douleurs récurrentes au genou, il a passé plusieurs IRM. À un certain moment donné, il faisait ses tests médicaux très tard le soir, le weekend ; on soupçonnait le cancer des os.

Diagnostic : l’un des fémurs de fiston se désagrège de l’intérieur car il manque de sang. C’est comme s’il avait des nids-de-poule qui se formait à l’intérieur de son genou.

Ti-Max a été opéré à deux reprises par un incroyable médecin, il a eu des plaques et des vis dans son corps, il a passé par d’énormes deuils, par des rehabs interminables…

Et il s’est relevé. Il était capitaine de son équipe AAA après avoir été 20 mois sans jouer au soccer (et sans faire de sport, point). Les championnats nationaux, c’était son objectif. C’était son but. C’était ce qui le gardait motivé dans les moments difficiles.

Savoir qu’il n’y participera pas non pas parce que ses coéquipiers et lui ont été moins bons que l’autre équipe ou qu’il y a eu une erreur (humaine) d’arbitrage – mais plutôt parce que des gens en situation de pouvoir/contrôle ont botché leur travail, ne connaissaient pas les règlements et ont erré durant leur préparation – lui fait mal. Encore trois, quatre jours plus tard…

Il a songé à tout abandonner, mais il se relèvera.

Bien sûr, le club adverse (ils auraient dû installer une caméra vidéo pour filmer le match comme c’est coutume en AAA), le coach adverse (que je soupçonne d’avoir vu le ballon traverser le filet), les parents de l’autre côté, les joueurs de Montréal-Centre, la Ville de Montréal (qui doit préparer les terrains et s’assurer qu’ils sont adéquats), Valérie Plante (qui tolère tout ça… rêvant de transformer ce méchant terrain synthétique en parc éponge accessible via une piste cyclable hehe) et même les entraîneurs de mon fils (qui ont manqué de conviction lorsque des règlements n’étaient pas respectés) ne sont pas blancs comme neige.

Mais ce matin, la responsabilité ultime repose sur les épaules de Soccer Québec. L’organisme prétend être là pour les enfants et semble se penser sans reproche, mais il DOIT exiger un meilleur travail de la part de ses officiels. Surtout lorsqu’on parle de ses meilleurs arbitres qui veulent accéder au soccer professionnel (CPL).

Le sport d’élite forge les citoyens de demain et il faut leur montrer que ce n’est pas parce que tu es syndiqué (employé de la Ville) ou en position d’autorité (arbitre) que tu peux faire tout ce que tu veux (et ne pas faire ce que tu dois faire à la base).

En terminant, je tiens à saluer tous les parents de l’Union qui, malgré tout, se sont comportés comme de vrais gentlemen (et gentlewomen, genre) dimanche dernier. On dit souvent que le problème dans le sport, ce sont les parents… mais ce weekend, ce sont peut-être les seuls à n’avoir aucun reproche à se faire.

Je sais, ce texte me vaudra une tonne d’insultes parce qu’il ne faut pas critiquer les arbitres, même s’ils sont expérimentés et qu’ils ne font pas tout ce qu’ils ont à faire dans le cadre de leur travail, et que des gens qui ne me connaissent pas penseront que je suis une piètre personne. Ça leur appartient.

Mais j’ai fait du rap, j’ai pris la parole pour les enfants durant les (trop) nombreux confinements, je me suis fait pointer un gun dessus, on a brulé mon chandail alors que je le portais après un show, un animateur radio m’a complètement démoli en ondes, j’ai fait des shows dans des endroits où personne ici n’oserait rentrer même escorté par 12 policiers…

Alors vos insultes sur Facebook ou Twitter, I don’t care comme dirait Justin Bieber.

À noter que j’ai écrit à Soccer Québec de même qu’à l’arbitre en chef concerné pour leur demander de commenter/expliquer la situation. C’est ce que l’on nous dit de faire dans le milieu.

Je n’ai reçu qu’un email arrogant de la part du supérieur de l’arbitre impliqué. Quand je vous parle d’imputabilité qui devrait être améliorée…

Prolongation

J’ai discuté de cette situation là hier avec Tony Marinaro (BPM Sports). Je vous invite à aller écouter/regarder ça si ça vous dit.

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