Peut-on reconstruire et être dans le mix?

En cette pause du temps des fêtes, revenons sur deux thèmes qui ont marqué la saison du CH jusqu’ici : la reconstruction et le fameux « mix » espéré par ses dirigeants.

Commentateurs, analystes et partisans sont unanimes : le CH est une fois de plus cette année en reconstruction.

Le Canadien lui-même l’assume! Il va faire une saison II de « Reconstruction » pour le plus grand bonheur… de celleux qui aiment ça…

Mais l’été dernier, les dirigeants envisageaient-ils 2024-2025 comme une saison de reconstruction?

À première vue, rien n’est moins certain, surtout si on utilise une définition naïve, étroite et simplement erronée de la reconstruction comme la décision de tout vendre ses actifs au plus offrant pour finir dans la cave.

Cette définition correspondrait beaucoup mieux à des concepts comme « vente de feu » ou « démolition ».

Bien sûr, une certaine phase de démolition est nécessaire à tous les projets de reconstruction (qui sont en fait toujours davantage des projets de rénovations majeures, si on veut poursuivre l’analogie du bâtiment…), mais de façon plus lucide le concept de « reconstruction » se définirait plutôt à peu près ainsi :

La reconstruction est un processus plutôt long et complexe par lequel une équipe espère se donner de meilleures chances de gagner à long terme en repêchant relativement tôt en première ronde et en accumulant les choix au repêchage ou de jeunes espoirs. Ce processus s’enclenche souvent par la perte d’actifs (blessures, retraites, autonomie, etc.) ainsi qu’en échangeant des joueurs établis, tout en se gardant la possibilité d’en conserver ou d’en acquérir un certain nombre pour laisser mûrir, appuyer ou encadrer le jeune noyau.

En passant, c’est une définition approuvée par le plus grand expert de l’univers connu dans le domaine! Je vous laisse deviner de qui il s’agit!  

Ainsi, avec l’ajout d’un joueur de la trempe de Laine – un joueur vedette avec un potentiel de super-vedette quand tous les morceaux physiques et psychiques tiennent le coup (on se croise les doigts suite au match d’hier) – les dirigeants du CH ont sans doute estimé qu’ils étaient rendus à une nouvelle étape de leur reconstruction et que le gros de la démolition était certainement terminé ou en voie de l’être.

Ils ont cru pouvoir se permettre dès cette année de débuter la « finition » de certaines pièces de la maison… ou du top-6 dans ce cas-ci. Laine, 26 ans, pas exactement un vieillard, 2e choix au total en 2016, vient engraisser et appuyer le jeune noyau à l’attaque. Clairement un geste qui annonce la fin du processus de reconstruction.

N’oublions pas que quelques semaines plus tôt, avec les sélections Demidov et Hage au repêchage, HuGo venait d’ajouter assurément une, peut-être deux pièces à son futur top-6.

Et là, avec l’échange Barron/Carrier, il vient certainement de consolider très concrètement sa brigade défensive avec un vétéran fiable, polyvalent et hyper-motivé, plus apte à assurer le bon encadrement des jeunes lors des prochaines années.

Donc, oui, on peut reconstruire et viser le « mix » en même temps. Il y a souvent une phase transitoire nécessaire vers l’excellence.

Viser le « mix » et agir en conséquence comme le CH l’a fait avec les acquisitions de Laine et Carrier en retour de Harris et Barron, sont des signaux très clairs qu’on s’apprête à passer à un autre niveau dès 2025-2026.

À quelques nuances près, 2025-2026 c’est pas mal ce que l’on avait anticipé il y a déjà un petit bout de cela

Un top-6 à consolider

Mais si l’on souhaite que le CH se positionne parmi les « très bonnes équipes » de la LNH dès l’an prochain, ou du moins un club qui pourrait logiquement aspirer aux séries, il lui faudra en premier lieu consolider sont top-6 à l’attaque.

Présentement, Newhook et Dach ne sont pas de calibre et, dans leurs cas, de gros doutes subsisteront quant à la suite des choses.

Demidov, le meilleur producteur par tranche de 60 minutes de toute la KHL, devrait facilement remplacer Newhook ou, qui sait, ça pourrait éventuellement être Dach, si on ose tenter l’aventure avec Demidov au centre plus tôt que tard.

Jusqu’ici, Dach, 24 ans en janvier, ne connaît vraiment pas la saison espérée, et s’il est pour l’instant un point d’interrogation pour l’organisation, sur la glace, il est carrément un boulet pour son trio.

Retour au jeu après d’importantes opérations au niveau du genou, pas arrivé en forme au camp d’entraînement, différentiel de -24 en 33 parties…

Pourra-t-il redevenir le joueur qu’il était? Pourra-t-il devenir le joueur qu’on osait penser potentiellement supérieur à Suzuki?

Après de telles blessures aux genoux et une remise en forme douteuse, rien n’est moins certain, comme l’analysait Max Truman il n’y a pas si longtemps

Le Canadien misera-t-il sur la patience dans son cas ou l’enverra-t-il sous d’autres cieux en retour d’une valeur plus sûre comme il vient de le faire avec Barron?

Dach en sera déjà à la dernière année de son contrat de quatre ans l’an prochain, après quoi il deviendra joueur autonome avec compensation.

En théorie, rien ne presse dans son cas et le Canadien ne doit pas céder à la panique. Avec 49 matchs à jouer cette saison, s’il retrouve un peu de sa superbe en deuxième moitié de saison, Dach pourrait remonter sa valeur d’usage.

Mais si les choses ne se replacent pas pour lui, il pourrait être très tentant pour HuGo de regarder vers d’autres options au cours des prochains mois.

Les dirigeants ne voudront pas débuter la prochaine saison en position de faiblesse avec des tas d’interrogations sur leur alignement.

Mais revenons au « mix »!

Une brève analyse du calendrier qui attend le Canadien jusqu’à la fin de la saison, incluant le difficile segment qui le conduira à la pause du tournoi des quatre nations, nous invite à penser que le seuil de respectabilité de .500 demeure atteignable… ou presque.

Pour ma part, je leur donne la fiche suivante lors des 48 prochains matchs : 22-26-4, bon pour 48 points et un cumulatif de 79 points à la fin de la saison.

À l’interne, la présence de Hutson sur le premier avantage numérique cumulé au retour de Laine et l’arrivée de Carrier, ont permis à tous de retrouver une chaise plus confortable. On peut aussi anticiper une bien meilleure seconde moitié de saison de la part de Slaf et peut-être même Dach.

Tout ça semble clairement de nature à transformer le Tricolore, un club imbuvable qui jouait à peine pour .400 il y a quelques semaines, en un cru beaucoup plus gouleyant qui, s’il joue comme il en est capable, pourrait bien devoir oublier les Schaefer et autres gros noms du top-5 au prochain repêchage.

À moins bien sûr que les dirigeants en décident autrement et visent agressivement le top-5 en échangent les très efficaces et « renégociables » Evans et Armia, en plus des Savard et Dvorak, des noms plus souvent évoqués…

Alors, la chaîne va-t-elle (re)débarquer à un moment donné à cause d’échanges de fin de reconstruction? Y aura-t-il des blessures importantes? Janvier et février seront-ils trop fatidiques à cause de la qualité des adversaires ?

Peut-être. Mais peut-être pas non plus…

Ainsi, à la grande tristesse des uns mais au bonheur relatif des autres, si le CH terminait la saison pas trop loin du « mix » avec une fiche de 79 points, il repêcherait logiquement près du 10e rang, un choix qui pourrait se retrouver assez près de celui des Flames, moyennant une légère chute de ces derniers…

Beaucoup de « mauvais clubs »

Mais le quasi « mix » (ou le no man’ land, c’est selon!) s’explique et pourrait également être rendu possible à cause d’un facteur extérieur au Tricolore : l’Est est vraiment faible cette saison!

L’an dernier, seulement six clubs avaient montré un différentiel négatif buts pour/buts contre (dont les Caps qui s’étaient qualifiés en séries avec 91 points mais un différentiel de -37!).

Aussi, seulement quatre clubs (New Jersey, Ottawa, Montréal et Columbus) n’avaient pas joué pour .500.

À titre comparatif, en date du 23 décembre, on compte neuf équipes avec des différentiels négatifs et sept jouant pour moins de .500.

Les Rangers sont en chute libre, les Islanders déçoivent, les Flyers gagnent moins souvent, les Sabres et les Wings ont été pourris lors des 10 derniers matchs, quant aux Jaquettes Bleues, rien ne change avec leur moyenne de .486…

Si la Flanelle maintient un certain élan, ce sont là six clubs à sa portée.

Enfin, ajoutez à ceux-ci les Sharks, Predators, Blackhawks, Ducks et Kraken dans l’Ouest et on voit encore plus mal comment le CH pourrait repêcher dans le top-5.

Voilà!

J’espère vous avoir fourni un peu de matière à discussion pour accompagner les succulents et délicieux excès que vous ferez!

Joyeuses Fêtes tout le monde!

On se jase du CMJ sous peu! 

PLUS DE NOUVELLES