On a beaucoup parlé du fait que le Canadien n’a pas sélectionné un seul Québécois au cours des deux derniers repêchages amateurs de la LNH. C’est bien beau inviter des joueurs de la Belle Province à ton camp de développement, reste que ces joueurs invités ne reçoivent pas d’attention particulière durant la saison…
Et leur équipe ne reçoit pas un budget spécial pour les développer!
Un joueur sélectionné en 5e ronde n’a que 1,6 % de chances supplémentaires (de faire la LNH) qu’un choix de 7e ronde. Bref, les joueurs sélectionnés dans les rondes 5 à 7 sont vraiment des long shots. Pourquoi ne pas y aller avec une long shot québécoise alors?
Philippe Cantin est allé beaucoup plus loin que moi ce matin, dans La Presse (et il a certes dérangé plusieurs dans du CH qui n’en ont rien à battre de la nationalité des joueurs sélectionnés. Son texte s’intitule Le CH et le mépris de ses racines.
Cantin frappe partout. Trevor Timmins aurait dû choisir Anthony Beauvillier au lieu de Noah Juulsen… Il a laissé passer Antoine Morand, samedi dernier…
Il a toutefois une point intéressant : Pourquoi une organisation qui, officiellement, dit comprendre la nécessité de faire confiance aux jeunes hockeyeurs d’ici remise-t-elle ce principe au fond d’un tiroir lorsque ça compte vraiment?
Le Canadien parle beaucoup, mais agit peu… Et ça frôle le mépris des racines franco-québécoises de l’organisation (selon Cantin). Le club se doit de prioriser le petit gars d’ici, quand les odds et le talent sont équivalents (surtout dans les rondes de la fin).
Mais il faut aussi soigner notre hockey québécois. La LHJMQ est malade et le remède ne peut pas toujours venir de la Suisse ou de la Russie.
Est-ce que Philippe Cantin a raison de tirer ainsi ou pourra-t-on utiliser son texte dans 10 ans, comme on le fait avec celui de Gaston Therrien (2007)? Gaston trouvait ça bien dommage d’avoir sélectionné Subban, Pacioretty et McDonagh… Mais pas Angelo Esposito!
Jonathan Bernier est allé encore plus loin ce matin lui, dans le Journal de Montréal/TVA Sports. L’hypothèse de Bernier (établie à partir de discussions avec des gens bien placés dans le milieu) est la suivante : Le fait que le Canadien lève le nez sur un joueur québécois X fait croire aux autres équipes que ce joueur X n’est pas si bon que ça (car le Canadien ne l’a même pas repêché). Bref, le CH nuirait à la LHJMQ…
Des recruteurs québécois irrités : https://t.co/fzYftm5qNy #LNH #NHL #Habs pic.twitter.com/f6jjVPre1G
— TVA Sports (@TVASports) June 27, 2017
Vrai que si le Canadien avait le chance de repêcher un joueur québécois de grand talent, il n’hésiterait pas une seule seconde…
Et vrai aussi que l’organisation en voit des matchs de la LHJMQ dans une saison!
Une dépisteur d’une équipe de l’Association de l’Est a même été jusqu’à dire que Serge Boisvert n’avait aucun pouvoir… Et que Donald Audette semble parfois avoir été engagé par politesse.
Ouch!
Le CH a 5 employés qui recrutent dans l’Ouest… Et seulement 2 au Québec. Difficile de faire valoir ton point lors des meetings importants quand tu te retrouves 5 contre 2.
Un recruteur travaillant pour une équipe de l’Ouest partage mon opinion :
«Le Canadien souffre du syndrome Louis Leblanc. Il craint de prendre un Québécois sur qui il y a des attentes, a lancé un dépisteur à l’emploi d’une formation de l’Ouest. Je peux comprendre dans les premières rondes, mais à partir du quatrième tour, où les chances de voir un espoir atteindre la LNH sont minces, il n’y a pas de raison d’avoir peur.»
Malheureusement, il va falloir s’y faire. Les choses ne sont pas sur le point de changer…