Problèmes offensifs du CH : système ou talent?

Wow! C’est connu, les lunettes roses des fans de la Flanelle déforment souvent la réalité. Mais il y a toujours bien des limites!

Faut enlever une couche de rose un moment donné!

​Surtout quand il est question d’évaluer le talent des attaquants du club!

Cet article de Kosta Papoulias sur le site awinninghabit.com est tout simplement halluciné si vous voulez mon avis. Tout simplement une des pires analyses « sérieuses » que j’ai lu ces derniers mois.

Papoulias, qui nous avertit sur sa page, bien « humblement », que ses connaissances techniques du hockey « would blow our mind », pense donc que le Canadien est « rempli » de talent offensif.

Rempli? Ah bon.

Seul problème, tout son argumentaire est construit sur du vent. Fumisterie d’un bout à l’autre, qui se termine par un bon vieux « mettage » de faute sur le dos de Therrien et, implicitement, son système satanique!

Le Canadien serait ainsi un club plein de talent et de vitesse et cette vitesse, selon l’auteur, ne serait pas juste la vitesse sur patins, elle serait surtout la vitesse de lecture du jeu.

Bon, je suis assez d’accord pour dire que le CH est un club « passablement » rapide en général, bien que pas aussi rapide qu’on le dit à tout vent dans tous les médias et blogues à gros coups de « speed to burn », comme s’en rend coupable Papoulias.

Sur patins, Pacioretty est vraiment rapide. DD est pas mal vite aussi. Plekanec est mobile dans toutes les directions. Weise, Eller, Galchenyuk et DLR sont tous d’assez solides et rapides patineurs à leur façon. Mais les autres n’ont pas vraiment une coche qui les démarque de la moyenne.

Bref, en tout et pour tout, côté vitesse sur patins, Therrien ne mise n’a pas un groupe de patineurs bien au-dessus de la moyenne à l’attaque dans la LNH d’aujourd’hui. Les Flames, le Lightning, les Wings, Les Rangers, entre autres, sont plus rapides. Comparez c’est admettre.

Ensuite, au niveau de la vitesse de lecture et d’exécution du jeu offensif, c’est encore moins convaincant. Un des meilleurs est probablement Desharnais, mais il est justement celui visé négativement par Papoulias qui base en bonne partie son analyse le concernant sur UN jeu banal survenu lors du match contre Winnipeg la semaine dernière! Wow!

Sinon, Pacioretty flaire très bien le jeu se dessiner en sortie de zone pour la contre-attaque, Plekanec aussi, Galchenyuk montre des signaux intéressants au niveau de la lecture du jeu en zone adverse, mais on ne peut pas dire que le CH est rempli de joueurs au flair offensif exceptionnel qui les amène à exécuter plus vite que la moyenne.

Le talent, toujours le talent
Mais, en fait, oublions cette question de vitesse sur patins ou de vitesse de lecture du jeu ou la chimie qui augmente la vitesse et tout ce crossage de mouche dont nous parle Papoulias.

Passons le rasoir d’Ockham là-dedans et que ça saute!

La faiblesse offensive du Tricolore s’explique à plusieurs niveaux encore plus simplement que ça si on parle de talent offensif en général. De talent brut.

C’est aussi niaiseux que ça.

Voyons, à part Pacioretty, y’a-t-il un seul attaquant présentement dans cette équipe qui est proche d’être un joueur offensif élite? Et déjà là, c’est pas comme si Pacioretty était Crosby ou Malkin en possession de la rondelle en avantage numérique, on y revient plus tard…

Le seul autre joueur proche de ce titre d’attaquant élite… c’est Subban!

Bon, sans blague, il y a Galchenyuk qui pourrait s’approcher de ce statut, par flashs ici et là cette année, mais plus réalistement dans les deux prochaines saisons.

Ça s’en vient, mais ce n’est pas
encore tout à fait ça

Qu’à cela ne tienne, quand ton deuxième meilleur buteur c’est Brendan Gallagher, et que ton meilleur centre offensif c’est soit Pleky, soit DD, et que le reste de ton attaque n’a pas le talent pour faire aisément plus que 30-35 pts, t’es pas un club « plein d’offensive »!

T’es un club qui doit compter sur un super duo de défenseurs, un top 6 honnête en défense, le meilleur goaler au monde et une attaque en dessous de la moyenne qui doit régulièrement travailler sans relâche pour marquer 3 buts dans une game. C’est du moins ce que nous montre grosso modo le CH depuis trois ans (voire plus) et c’est peut-être encore plus éclatant cette saison, suite aux départs, pas vraiment remplacés, de Vanek et Gionta dans l’entre saison.

Le talent offensif ne pleut pas dans le vestiaire du CH. C’est pourtant pas bien difficile à voir et admettre! Tout le monde dans la chambre du Canadien le sait.

Babaille les calinours et les lunettes roses!

Allez comparer sur papier ce Canadien « rempli de talent offensif » au Lightning, aux Hawks, aux Caps, aux Stars, et à la très grande majorité des 15 premières formations offensives de la LNH pour le fun!

Ou, si vous préférez, comparez simplement l’édition actuelle à l’édition 2007-2008 des attaquants de la Flanelle avec en tête les 84 points de Kovalev, quatre marqueurs de 25 buts et plus (c’est big ça), 5 attaquants de plus de 50 points, 7 marqueurs de 14 buts et plus.

Therrien fait avec ce qu’il a. Il ne peut même pas compter sur l’un des 25 meilleurs premiers centres offensifs de la LNH! Et c’est pas parce que DD et Pleky n’essaient pas et qu’on les en empêche! C’est parce qu’il ne sont pas capables d’être dans les 25 premiers.

Le Canadien est où il est, au 24e rang, d’abord et avant par un manque de talent brut à l’attaque. Les grandes théories de « système défensif de Therrien » ont une limite un moment donné.

Cette saison, à l’attaque, Pacioretty a encore besoin de 4 points en 5 matchs pour atteindre la marque des 70, Plekanec est le seul autre qui devrait finir dans les 50 points. Au mieux, si Gallagher en fait deux autres d’ici la fin du calendrier et Plekanec trois, il y aura de peine et de misère trois marqueurs de 25 buts et probablement juste cinq termineront avec 14 et plus.

Tout ça à cause du système menottant du méchant Mike?

Et ai-je encore besoin de rajouter que le Canadien n’a pas un seul attaquant dominant en avantage numérique? Plekanec domine ses pairs avec un renversant 14 points, bon pour le 68e rang de toute la LNH. Pacioretty, qui a 11 points en pareilles circonstance, se classe au 95e rang, alors que ses sept buts le classent humblement au 40e rang.

Bref, calaille, que je ne suis plus capab’ de ce genre d’analyse naïve anti-Therrien (et, tiens, tiens, souvent anti-DD) qui semble s’imaginer que le 3/4 des attaquants de l’équipe ont le talent pour faire 50 points et plus.

C’est juste qu’on ne leur met pas assez de tite-poupoud’ sur les foufounes, ou quoi?

Ah ben non, c’est vrai, c’est le système de Therrien.

Ah ben non, c’est vrai, c’est DD qui ne lit pas le jeu assez vite.

L’impact du système sur la production?
C’est évident que le système peut avoir un impact négatif sur l’apport offensif des attaquants, on l’a vu à Vancouver l’an dernier avec celui de Tortorella qui a failli anéantir les jumeaux Sedin, dont la production a chuté d’une vingtaine de points.

Mais Therrien n’est pas Tortorella et si son système dit défensif est construit autour des forces de l’équipe, à commencer par son gardien, il n’anéantit personne offensivement. Ses meilleurs éléments offensifs Pacioretty et Subban, se classent parmi les meilleurs de la LNH dans leurs catégories tout en étant responsables défensivement.

Il n’ampute aucune fiche personnelle de 20-30 pts!

Therrien n’a rien contre une bonne pression en fond de territoire, il n’a rien contre les défenseurs offensifs, il n’a rien contre une entrée de zone avec la rondelle quand c’est possible de le faire, encore faut-il avoir les joueurs pour les réaliser sur une base régulière…

Les saisons offensives plus que honnêtes de Pacioretty, Plekanec, Gallagher, Weise et Prust par rapport à leur niveau de talent nous le prouvent amplement, Therrien n’a rien contre l’idée de marquer des buts et faire des jeux!

L’apport offensif constant de Subban (35 points) et Markov (23 points) à 5 contre 5 en est une autre preuve : ce n’est pas un système qui menotte les joueurs.

Cette histoire de système castrant est un gros show de boucane, un raccourci théorique bien fumeux que se permettent certains. Si on peut dire quelque chose de ce système en plus qu’il mise sur les forces de l’équipe (à commencer par Price, Subban et Pacioretty), c’est qu’il essaie minimiser l’impact des faiblesses, à commencer par le manque de talent brut.

C’est même à se demander si dans certains cas, au lieu de parler automatiquement de « système », on ne ferait tout simplement pas mieux de parler de « rôles différents » pour les différentes unités offensives et défensives et les différents joueurs de l’équipe.

Les statistiques offensives quelque peu décevantes de Galchenyuk (maturité, constance), Desharnais (aptitudes limitées et rôle offensif réduit) et Eller (rôle dans l’équipe, niveau de talent limité, attitude et effort) sont davantage dû à des raisons personnelles et ponctuelles que le « système » en tant que tel.

Therrien n’a jamais demandé à Eller de n’enregistrer qu’un seul point en 14 matchs plus tôt cette saison…

Du côté de Parenteau, il faut parler de blessures et de condition physique.

Le reste de l’alignement à l’attaque, bien c’est tel quel. On y revient dans deux secondes.

Les trois grandes faiblesses offensives du CH
Dans le cas du Canadien, on le voit particulièrement en avantage numérique – là où les attaquants offensifs surdoués gonflent habituellement leur fiche – c’est très exactement le manque d’aptitudes offensives dominantes (mains, tirs, passes, vision, créativité, vitesse et qualité d’exécution) de la part des avants qui l’empêche, à 16,6% d’efficacité, de faire mieux que le 8e pire jeu de puissance de la LNH.

Conjointement, presque qu’à la manière d’un miroir, le Tricolore affiche aussi la 8e pire attaque du circuit étant incapable de marquer plus de 2.57 par match.

Pur hasard?

Non. Dans les 20 meilleurs équipe offensive (buts par match), seuls NYR, Anaheim, Minnesota et Nashville ne se classent pas parmi les 20 meilleurs avantages numériques. Ce sont les exceptions, et les anomalies du système.

Logiquement, on admettra que le système de Therrien à 5 contre 5 n’a pas grand-chose à voir dans les déboires du jeu de puissance. Et, je me répète, mais aux dernières nouvelles, si on cherche absolument un coupable parmi les coachs, c’est Daniel Lacroix le responsable de l’attaque à cinq, Mais c’est pour ce que ça vaut, car le manque de talent à l’attaque me semble flagrant.

Puis, en plus de l’avantage numérique déficient, les deux autres problèmes offensifs sont reliés à la production famélique venant de la « ligne secondaire » et de la « ligne tertiaire », où le talent offensif est quasiment inexistant.

Avant le match de jeudi contre les Caps, Weise, Prust, Bournival, Malhotra, Andrighetto, Thomas, Flynn, Mitchell, Smith-Pelly, DLR, avaient marqué 24 buts en 320 matchs au total, dont 10 par Weise qui en a fait une bonne partie sur le premier trio.  Autrement dit, ces 10 joueurs ensemble ont marqué dans 7.5% de leur 320 matchs. Rempli de talent offensif ces joueurs?

Je veux bien croire que Therrien a un système axé sur la défensive, mais quand même! On ne fera pas sortir de l’eau d’une roche!

Dans certains cas, c’est le talent brut qui n’est pas au rendez-vous, pour d’autres c’est le niveau de maturité.

Autre problème, rajoutons à ces 10 joueurs, Eller et Parenteau qui devaient logiquement être des super candidats pur le « secondary scoring ». On était en droit de s’attendre à environ 40-45 points chacun de leur part. Eh bien, ils ont eu toutes les misères du monde à atteindre ce plateau ensemble!

Et c’est pas comme si l’autre « super candidat » en début de saison, Jiri Sekac, maintenant « remplacé » par DSP, avait tout reviré à l’envers (7 buts, 16 pts en 50 matchs), mais il est parti et ça, au final, c’est la décision de Bergevin à ce que je sache.

En 123 matchs cumulés (avant celui contre les Caps), Eller et Parenteau ont marqué 19 buts, soit dans 15,5% des matchs, ou environ 1 match sur 7 à eux deux! Rendu là, c’est pas juste une question de système ou de partenaires de trio! C’est une question de talent, d’attitude, d’acceptation de rôle, une question qu’il faut en donner un peu plus malgré un rôle offensif réduit ou une question qu’il faut être un peu plus en forme pour suivre la cadence soir après soir (Parenteau).

Bref, oui, c’est clair, à n’en point douter, indubitablement, la formation actuelle du CH est remplie, remplie, remplie de talent offensif hors de l’ordinaire! Ça crève les yeux M. Chose!

Et pourtant, « yeinke à wouère, on woué ben », comme on dit en Beauce…

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