La fenêtre, cette période de temps où une équipe peut légitimement croire en ses chances de gagner un championnat, est un concept relativement nouveau dans la LNH. En fait, on peut dire qu’il a fait son apparition après le lock-out de 2004-2005 avec l’introduction du plafond salarial. L’expression est devenue courante au fil des années et les fans des Canadiens avaient bien hâte de voir leur équipe dans cette fameuse fenêtre et espérer un cadeau de leur équipe favorite.
Bon, on trouvera assurément des gens pour croire que la fenêtre n’est pas ouverte pour les Canadiens, mais je ne suis pas d’accord avec eux. Le noyau de l’équipe est composé d’un mélange de vétérans aguerris (Markov, Plekanec) de jeunes joueurs qui arrivent à maturité (Galchenyuk, Gallagher, Pateryn, Danault) et bien sûr de plusieurs joueurs dans les meilleures années de leur carrière (Price, Pacioretty, Weber, Petry, Emelin, Mitchell, Byron, Shaw).
Même si ce groupe est imparfait, il est constitué de bons joueurs établis et avec les nouvelles ententes à la hausse dans un avenir relativement rapproché (Galchenyuk, Radulov en 2017; Price en 2018; Pacioretty en 2019) qu’il faudra négocier, force est d’admettre que Marc Bergevin et son groupe doivent mener la barque avec l’intention d’amener une parade sur Ste-Catherine et non dans une perspective de construction.
Je sais que plusieurs adeptes du tanking pourraient avancer que le noyau actuel n’est pas suffisamment fort et que penser reconstruction serait la meilleure option, mais les Canadiens sont trop près du sommet pour regarder en bas. En fait, il semble assez convenu de dire qu’avec un bon deuxième centre et un défenseur gaucher pour épauler Weber, cette équipe serait certainement sur les rails, pour continuer dans les analogies de moyens de transport.
Vous lisez possiblement comme moi un paquet de blogues et de chroniques et vous faites également vos propres analyses pour essayer de trouver la perle rare sur laquelle l’état-major du CH devrait jeter son dévolu. Je ne referai donc pas l’exercice de proposer de nouveaux noms à ajouter à vos discussions à la shop. Par contre, j’aimerais attirer votre attention sur quelques points qui pourraient ajouter à vos réflexions.
Déshabiller Paul pour habiller Pierre
Une autre expression consacrée. Trouver un défenseur pour jouer les grosses minutes en compagnie de Shea Weber, mais perdre un attaquant du top 6 en retour, pas certain que ce soit optimal. On me dira qu’aucune équipe n’est dépourvue de faiblesses, mais dans ce cas-ci, c’est différent. On ne parle pas d’une équipe qui sacrifie la robustesse pour la vitesse, on parle de créer un problème qu’on n’a pas pour en régler un qu’on a.
Pour améliorer son équipe via le marché des transactions, il faut être certain que les joueurs qu’on laissera partir seront remplacés dans la formation par des joueurs qui feront au moins aussi bien. Ça semble évident, mais si les Canadiens échangeaient Max Pacioretty pour un joueur de centre, ce fameux centre passerait la rondelle à qui? Lehkonen? Shaw? Scherbak? Ces gars-là ne sont pas du calibre de Patch, alors s’améliore-t-on vraiment?
Sacrifier l’avenir
Quand on pense à améliorer son équipe à court terme, il faut être prêt à sacrifier une partie de son avenir. Ainsi, pour mettre la main sur le joueur qui manque, il faut pouvoir se convaincre que nos choix au repêchage et nos joueurs d’avenir peuvent servir d’appât. Mais les joueurs au potentiel élevé et les choix de première ronde au repêchage n’ont pas toujours un aussi grande valeur que ce qu’on aimerait croire. Ces atouts demeurent des risques pour les deux côtés. Ainsi, il est souvent difficile d’établir leur juste valeur.
Ceci dit, l’impact de ces joueurs se fera généralement sentir dans plusieurs années. Si un DG voit à long terme et est prêt à se départir du joueur que vous convoitez en retour d’un joueur dont le rendement est encore à venir, cela peut être une excellente option puisque ça évitera de toucher à son noyau.
Les joueurs de location
La date limite des transactions est un moment clé de la saison pour les DG et les médias. Mais jusqu’à quel point les joueurs qui sont transigés lors de cette journée ont un réel impact sur leur équipe à court terme? Il faut faire attention à l’attrait du nouveau. Les joueurs mettent souvent du temps à s’adapter à leur nouveau groupe et au système de jeu qu’on leur dicte. Alors imaginez quand en plus on parle de joueurs qui auront l’intention de tester le marché des joueurs autonomes en juillet et qui n’ont donc pas le même besoin de faire tous les efforts nécessaires pour s’intégrer rapidement.
La disponibilité des joueurs convoités
Ce n’est pas tout de lancer des noms, il faut savoir si les joueurs qu’on vise sont disponibles et si on peut insérer leur contrat dans la masse salariale de l’équipe. Mais ces éléments ont peu d’importance à priori si vous voulez mon avis. Évidemment que si le DG d’une équipe refuse d’échanger un joueur, il n’y a pas grand chose à faire, mais je pense que tout le monde a son prix. Sérieusement, est-ce que quelqu’un avait prévu que Shea Weber serait disponible le printemps dernier?
Avec ces éléments en tête, si j’étais le DG d’une équipe dont la fenêtre est ouverte, mais dont il manque des éléments clés pour se positionner parmi les équipes qui prétendront aux grands honneurs, j’éviterais de mettre un joueur de la trempe de Pacioretty dans la balance. Son départ créerait un vide immense. Ce qui manque au CH, ce sont des joueurs qui vont rendre le noyau actuel meilleur, pas des joueurs pour les remplacer.
Est-ce que les Canadiens ont la profondeur nécessaire à certaines positions pour se permettre de laisser aller un membre du noyau actuel afin de renflouer le centre? Pas certain de ça. Alors à moins qu’un DG ne voit un des joueurs ordinaires du CH meilleur qu’il ne l’est, Bergevin devra laisser aller une partie de son avenir.
Enfin, qu’est-ce que les Canadiens peuvent aller chercher avec ce qu’ils ont à offrir? Je ne sais pas. Mais je sais ce qu’ils ont à offrir par contre. Plekanec, Desharnais, Beaulieu, Emelin, Scherbak, Hudon, McCarron et leurs choix au repêchage. Est-ce suffisant pour se dénicher un jouer de centre? C’est ce que nous verrons d’ici les 12 prochaines semaines.
Et quand la fenêtre est ouverte, on ne pense pas seulement aux joueurs qui pourraient venir combler les trous, mais aussi si on a le personnel d’entraîneurs qu’il faut. Les Penguins ont fait les ajustements nécessaires l’an passé et ça n’est pas passé par des joueurs de location. Mais ce qui fait à un ne fait clairement pas toujours à l’autre.