Repêchage du Canadien : comme jouer à la roulette avec prudence

Le repêchage amateur de la LNH (mon événement préféré dans une année de hockey) est maintenant terminé.

Le Canadien a mis la main sur huit espoirs (alors qu’il avait plus d’une dizaine de sélections avant le lancement hier). Avant de faire le bilan de sa récolte, revenons un peu sur chacun des choix.

Kaiden Guhle (1re ronde, 16e au total)

Plusieurs (moi y compris) s’attendaient à voir un Lapierre, un Mercer ou, à la limite, un Bourque être repêché par le Canadien. Cependant, Marc Bergevin et sa bande ont plutôt décidé de mettre la main sur Guhle, un défenseur gaucher qui a plusieurs belles qualités.

Donc, je considère encore que la sélection de Guhle est très bonne. Le temps qu’il soit prêt, il pourra fort probablement venir camper un rôle similaire à celui que Ben Chiarot (qui a encore deux ans à son contrat actuel) occupe présentement avec le Tricolore.

Luke Tuch (2e ronde, 47e au total)

Celui qui doit jouer la prochaine saison avec Boston University, dans la NCAA, amène une combinaison de robustesse, un bon coup de patin et une excellente éthique de travail. Il est capable de bien jouer sur toute la patinoire, mais on va certainement lui laisser le temps de bien peaufiner son jeu offensif dans les rangs universitaires.

Avec son style de jeu et son caractère, on peut s’attendre à voir en lui un joueur qui va élever son jeu d’un cran en séries.

Jan Mysak (2e ronde, 48e au total)

Mysak est vu comme un attaquant complet, mais il s’est distingué avec son très bel instinct offensif et son talent de franc-tireur. Il est aussi en mesure de réussir des jeux alors qu’il est à pleine vitesse, même s’il met du temps à l’atteindre. Il est agile avec la rondelle et il n’hésite pas à foncer vers le filet.

Plusieurs voyaient le Tchèque comme un candidat intéressant pour la fin de la première ronde. C’est un beau coup de chance qu’il ait glissé jusqu’au Tricolore.

Jack Smith (4e ronde, 102e au total)

Smith a eu quelques difficultés cette saison en raison de blessures. Si le Canadien a décidé de le sélectionner, c’est parce qu’il est apprécié en raison de son coup de patin, son intelligence sur la patinoire et parce qu’il possède un bon lancer.

Définitivement un projet à long terme où ce sera tout ou rien avec lui. Il aura le temps de mûrir dans la USHL lors de la saison à venir et, ensuite, dans la NCAA. Mais le potentiel est là!

Blake Biondi (4e ronde, 109e au total)

Excellent pour protéger la rondelle et à son meilleur quand il joue comme un attaquant de puissance, Biondi, qui a joué comme centre l’an dernier, pourrait être déplacé à l’aile en raison de son coup de patin plutôt ordinaire. Il est aussi très efficace pour récupérer les rondelles perdues et pour anticiper le jeu.

Attendez-vous à ce qu’il dispute ses quatre saisons dans la NCAA avant de faire le saut chez les pros.

Sean Farrell (4e ronde, 124e au total)

Un fabricant de jeu (parmi les meneurs de la USHL l’an dernier), un travailleur acharné, voilà ce que le CH a été chercher avec ce 4e joueur issu des rangs américains. Est-ce qu’il saura transposer le tout à un calibre supérieur? Avec quatre ans à faire dans la NCAA, lui aussi, nous aurons amplement le temps de le savoir.

Jakub Dobes (5e ronde, 136e au total)

Encore un gardien? Hé oui! Dobes, un Tchèque qui joue aux États-Unis, est vu comme un gardien qui a un beau potentiel en raison de ses qualités athlétiques et son bon maniement du bâton. Il y a beaucoup à peaufiner dans son jeu d’ensemble et aussi, un aspect à voir : certains doutent de la solidité de son aspect mental. Bref, on parle encore d’un projet, mais il est tout de même prometteur s’il corrige ces facettes de son jeu.

Alexander Gordin (6e ronde, 171e au total)

On parle ici d’un joueur qui a sorti du lot sur le tard, alors qu’il était à sa 2e année d’admissibilité au repêchage. Il a été dominant dans la ligue junior russe (MHL), particulièrement dans la colonne des buts enfilés. Cette saison, il a déjà eu droit à un match en KHL, avec le Ska, et il a disputé ses autres parties dans la VHL.

Quoi penser du repêchage

Passons le cas de Guhle, que nous avons pu analyser amplement.

Le choix de Tuch amène dans le bassin d’espoirs un côté physique qui est peut-être manquant en ce moment. Quant à Mysak, j’ai très hâte de suivre son parcours au cours des prochaines années, lui a qui étalé tout son talent offensif une fois qu’il est arrivé dans la OHL.

Quant aux autres choix, à partir de la 4e ronde, ils démontrent tous des qualités qui peuvent attirer l’attention. Il ne faut pas trop se bercer d’illusions : les joueurs choisis dans les rondes tardives, surtout après la 3e ronde, ont des chances bien plus minces de percer la LNH. Si le Canadien sort du lot un joueur qui fera son alignement à moyen terme, ce sera parfait.

Tant mieux si c’est plus! Mais qui ce sera? Si j’avais à parier, ce serait sur Sean Farrell.

Laissons la chance aux coureurs!

Cela dit, on va aussi se rappeler de cet encan amateur parce que cinq des huit joueurs choisis évoluent dans les circuits américains.

Et personne dans la LHJMQ, dans le bassin de joueurs de ton public-cible principal, qui a un attachement profond à son coin de pays.

Je comprends très bien la stratégie qui fait que le CH a un penchant vers les joueurs dans le système de développement américain : il peut attendre quatre ans pour se faire une idée sur le potentiel réel avant de décider s’il offre un contrat ou laisse aller les droits dudit joueur. Dans la LHJMQ (et toute la LCH), tu as deux ans. Ça fait une énorme différence.

Mais il y a tout de même le devoir moral de satisfaire les partisans et, à ce niveau, c’est un constat d’échec depuis 2014.

Cependant, je compare la situation à celle d’un joueur de roulette trop prudent. Il arrive avec plein de jetons et il décide de miser toujours le minimum sur le noir en espérant que le hasard va pencher de son côté pour faire fortune, quitte à ce que ce soit plus long.

C’est exactement cette stratégie que l’on ressent du côté du CH : on accumule les jetons (choix) pour prendre des mises à plus faible risque (joueurs américains) en espérant que certains vont s’élever pour percer (faire fortune).

Ça a fonctionné avec Cayden Primeau. C’est bien parti avec Jordan Harris et Jayden Struble (qui eux, sont des choix plus élevés au repêchage, j’en conviens). Mais ça a aussi été payant avec Victor Mete, qui provient de la OHL. Et que dire de Brendan Gallagher, un produit de la WHL!

Rien n’empêcherait quand même de consacrer un choix ou deux à des joueurs de la LHJMQ. Même si c’est juste pour bien paraître. Parce que, en bout de ligne, on sait tous que la science du repêchage est inexacte et apporte toujours son lot de surprises.

Tout d’un coup que le jeton qui permet de faire fortune, il est dans ta cour!

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