L’être humain est rempli de contradictions.
On vit toutefois en paix avec nos contradictions parce qu’on arrive à les compartimenter et à apaiser la dissonance cognitive qui résonne lorsque deux choses que l’on défend ou du moins, pense, ne sont pas compatibles.
Alexander Ovechkin est en voie de briser le record de Wayne Gretzky (894 buts inscrits en saison régulière dans la LNH). Ovechkin en a 885 à l’heure d’écrire ces lignes ; il ne lui en manque que neuf pour égaler Gretzky (un de plus pour le surpasser).
Avec encore une vingtaine de matchs à disputer cette saison, l’ailier des Capitals pourrait devenir le meilleur buteur de toute l’histoire de la LNH avant la fin du mois d’avril. Il pourrait même le faire en moins de parties que le Great One s’il parvenait à maintenir une cadence de 0,71 but par rencontre, lui qui en marque justement 0,7 par match cette saison.
Pas mal tous les partisans de hockey veulent voir Ovechkin inscrire l’histoire.
On veut le voir battre un record que l’on disait pourtant impossible à battre. Surtout qu’il se marque près d’un but de moins par partie aujourd’hui, comparativement aux belles années de Gretzky, qu’Ovechkin a été ralenti par un deux lock-outs et qu’il s’est blessé plus tôt cette saison.
Bref, on espère presque tous voir un joueur russe battre le record du plus grand joueur canadien de l’histoire de la LNH.
(Crédit: Getty Images)
Je ne fais pas partie de ces gens malaisés, mais ils sont (très) nombreux…
Mais là où la contradiction humaine atteint son paroxysme (politico-sportif), c’est quand on entend des gens appeler à la cancellation de Wayne Gretzky.
Pourquoi canceler Gretzky ? Parce qu’il a été aperçu aux côtés de Donald Trump (le gendre de Gretzky est près de la famille Trump), que Trump aimerait en faire le Gouverneur (américain) du Canada, qu’il a salué les joueurs américains lors du Tournoi des 4 Nations et qu’il ne portait pas de chandail du Canada ce soir-là.
Je vous parlais de contradiction il y a quelques secondes à peine : si on se permet d’applaudir et cheer pour Ovechkin, comment peut-on en même temps appeler au boycott ou à l’appel de l’annulation de tout ce qui s’appelle Wayne Gretzky : son vin, la rue en son nom, etc. ?
Ça n’a aucun sens.
Certains diront que c’est parce que Gretzky n’a pas pris la parole pour se distancer de Trump…
Mais j’attends toujours la prise de parole d’Ovechkin pour se distancer de Poutine.
Depuis quelques semaines, l’ennemi public #1 du Canada, ce n’est pas Vladimir Poutine, c’est Donald Trump. Les gens ont déjà compartimenté Poutine dans leur mémoire à long terme, alors qu’ils ont Trump bien avant dans leur passé moins lointain.
Vous savez quoi ? J’espère que l’on ne cancelera personne. Ni Ovechkin ni Gretzky. Et que sportivement parlant, on applaudira les deux lorsqu’on en aura l’occasion.
À noter que j’ai parlé de la contradiction Ovechkin – Gretzky au balado Stanley25, avec Georges et Gonzo sur BPM Sports et avec Jeff Fillion plus tôt cette semaine. Chaque conversation a pris un angle différent. Avis aux intéresé(e)s.
Ah oui… Alex Ovechkin et les Capitals recevront la visite des Red Wings ce soir à Washington. Est-ce que le principal intéressé se rapprochera un peu plus de Wayne Gretzky ?
Prolongation
À force d’écrire de façon répétée le mot Poutine, je commence à avoir fin.Je pense que je vais me commander une pizza de chez Salvatoré.
Ah non, c’est vrai, je ne peux pas faire ça.
Ou du moins, je ne peux pas le dire. Je dois le faire en cachette pour ne pas me faire juger.
O**i qu’on est fragile et émotif au Québec ! Et maudit qu’on compartimente bien avec nos téléphones Apple, nos voitures Tesla ou à essence, nos commandes sur des sites chinois louches, notre sport américain, notre restaurants américains…
Mais il ne faudrait surtout pas commande de la pizz’ de chez Salvatoré ; le gars trouve qu’on subventionne un peu trop la culture.