Avec Joshua Roy, on entre aujourd’hui dans une autre catégorie d’espoirs. En Roy, le Canadien semble avoir déniché un joueur qui possède le talent pour aspirer à un rôle offensif dans un top 6. Reste à voir s’il sera capable d’adapter son jeu chez les professionnels.
Repêché en 5e ronde en 2021, le Beauceron sera-t-il le dernier coup de génie de Trevor Timmins?
Joshua Roy
Potentiel : 32 / 40
Assurance : 13 / 20
Valeur d’usage : rareté : 22 / 30
Valeur d’échange : 6.5 / 10
Total : 73.5 / 100
Potentiel
Roy est sans doute l’un des espoirs de cette banque qui montre la plus belle patience et la plus belle créativité en possession de la rondelle. Il prend constamment la fraction de seconde de plus pour créer un jeu inattendu, faire hésiter l’adversaire en lui tendant des pièges ou encore décocher d’excellents tirs en les déguisant. Son jeu sur le mur gauche en supériorité numérique était absolument mortel dans le junior la saison dernière et n’était pas sans rappeler celui d’un Huberdeau, qui est devenu un des meilleurs passeurs de la LNH au fil des ans.
Roy n’a cependant pas la charpente, le coup de patin, ni la portée d’Huberdeau et peut montrer une certaine nonchalance qui fait penser à un jeune Mike Ribeiro. Mais bon, quand une telle « nonchalance » te permet d’avoir une carrière de 800 points, on se dit qu’il y a peut-être du bon dans l’idée de ne pas attacher ses patins trop serrés…
On ne dit évidemment pas que Roy connaîtra assurément une carrière de 800, voire 1000 points, comme ses illustres compatriotes, mais il possède un talent certain. Après tout, après avoir connu un superbe camp avec le Canadien l’automne dernier, ne vient-il vient pas de terminer au premier rang des marqueurs de la LHJMQ en enregistrant 119 points, dont 51 buts, en 66 matchs à 18 ans à Sherbrooke?
GAME. OVER.
Joshua Roy with the OT winner for @PhoenixSherbroo❗️#RoadtoMemorialCup pic.twitter.com/k34QkgEZmP
— Canadian Hockey League (@CHLHockey) May 27, 2022
Pour toutes ces raisons, on doit le projeter comme un ailier top 6 dans la LNH.
Roy, qui vient tout juste d’avoir 19 ans au début août, devra toutefois améliorer grandement sa force physique et son coup de patin. On le voit ces jours-ci au CMJ : le talent est là pour se positionner offensivement, découper la patinoire en défensive, protéger sa rondelle le long des rampes, créer des jeux, réussir des passes fines. On voit même qu’il accepte et comprend le système plus structuré qu’on lui impose et qu’il n’hésite à aller devant le filet adverse où il tente régulièrement de faire dévier des rondelles (comme dans la vidéo ci-bas), mais on voit aussi trop souvent Roy manquer d’explosion et de solidité sur patins. On aimerait également qu’il puisse tirer avec un peu plus de force.
Slick little redirect from Joshua Roy! 🚨#WorldJuniors | #OurGameIsBack | @PhoenixSherbroo | @HockeyQuebec pic.twitter.com/LdjhQpUumm
— Hockey Canada (@HockeyCanada) December 12, 2021
Il sera intéressant de voir ce que pourra faire Roy dans le junior l’an prochain alors qu’il devra davantage générer par lui-même suite au départ de quelques bons vétérans comme Xavier Parent et Julien Anctil, une situation qui rappellera celle vécue par Cole Caufield à sa dernière saison au Wisconsin. Roy aura de grandes responsabilités. Comme pour ce dernier, l’expérience pourrait lui être fort profitable.
Une année aussi productive que la dernière, une saison au cours de laquelle il polirait davantage son jeu et continuerait de s’améliorer en tant qu’initiateur, aurait de quoi rassurer tout le monde quant à la transposition de son potentiel au niveau supérieur. Une belle présence au tournoi estival du CMJ (c’est plutôt bien jusqu’ici) et une prestation dominante au tournoi d’hiver 2023 seraient aussi de nature à faire monter le niveau de confiance envers Roy.
Cela dit, pour les jeunes Québécois étiquetés comme « joueur de talent » qui tentent de percer dans le très chaud marché montréalais (Ribeiro, Latendresse, Brisebois, en seraient des exemples assez récents), il y a un niveau de maturité psychologique et une constance dans les performances et l’effort qu’il est préférable d’atteindre avant d’être lancé dans la gueule du loup…
Un séjour à Laval pourrait grandement aider un jeune comme Roy à s’acclimater au niveau professionnel, prendre de la maturité physique et mentale et par la même occasion augmenter ses chances de succès.
Roy est encore très jeune. Plus on le laissera mûrir chez les juniors et dans la AHL, plus on augmentera les chances qu’il actualise son potentiel dans la LNH.
Valeur d’usage
Roy est rapidement devenu un des facteurs X de ce palmarès et l’importance qu’il pourrait avoir un jour dans l’alignement a de quoi intriguer. Repêché en 5e ronde en 2021, et donc rejeté par plusieurs équipes, cet ancien premier choix au total de de la LHJMQ en 2019, pourrait-il devenir pour le CH ce que, toutes proportions gardées et sans aucune comparaison de styles, des Mark Stone et des Henrik Zetterberg ont pu devenir ailleurs? Sera-t-il cet obscur, mais talentueux choix tardif qui se développe de façon ahurissante après son repêchage et qui devient un joueur offensif d’impact?
Bien sûr, on ne peut ignorer le fait que le sympathique Beauceron, le seul Québécois à apparaître dans ce top 12 au cours des dernières années, serait un des rares à pouvoir s’exprimer couramment en français dans l’équipe, une qualité qui a toujours eu une certaine valeur d’usage à Montréal. Évidemment, ce ne peut être la qualité principale qui lui ouvrira les portes du vestiaire, mais c’est une qualité qui, s’il le désire et que tout se passe bien, pourrait l’aider à y demeurer longtemps.
Roy devra cependant y mettre l’effort et produire. À tort ou à raison – mais plus souvent à tort – la foule montréalaise peut parfois être cruelle envers les Québécois de talent qui la déçoivent… Il y aurait toute une étude de psychologie sociale à faire sur le sujet, mais quoi qu’on en dise, c’est une réalité à laquelle Roy pourrait être confrontée.
Valeur d’échange
Le rang de sélection au repêchage est une bien drôle de bibitte. Il semble parfois agir comme un « agent de conservation » pour les joueurs de première ronde. Pour les choix de 5e ronde comme Roy, il faut connaître énormément de succès après le repêchage afin de pouvoir remonter sa valeur. La case est cochée pour l’an un dans son cas, mais tout sera à recommencer cette saison et la pression sera plus forte que l’an dernier. Les réflecteurs seront davantage braqués sur lui alors qu’il devrait être un visage important lors du camp d’entraînement à Montréal, ainsi que dans la LHJMQ et fort possiblement durant deux CMJ.
S’il remplit avec un certain brio toutes ses missions en 2022-2023, Roy pourrait passer d’un espoir de catégorie B à celle d’un espoir de catégorie A dans l’esprit de bien du monde autour de la LNH. Un peu comme s’il était devenu un choix de première ronde après coup en 2021…
Conclusion
On a placé Roy tout devant Mesar et Harris à cause de son potentiel offensif et ses chances qui nous apparaissent raisonnables d’occuper un jour un rôle permanent sur un top 6 dans la LNH. Roy n’est cependant pas un couteau suisse comme Mesar et dans son cas, s’il n’occupe pas un jour un rôle offensif, son utilité pourrait être remise en question. C’est pourquoi il est intéressant ces jours-ci de le voir s’adapter avec un certain brio à un rôle plus défensif avec Équipe Canada junior. C’est une autre corde à son arc qui pourrait un jour lui être fort utile.