Après notre introduction et la présentation des mentions honorables, c’est aujourd’hui que débute le vrai top 12 des espoirs les plus importants du CH!
Une particularité de ce top 12 2022 est qu’il comporte un nombre impressionnant de nouveaux visages. Pas moins de huit espoirs ne figuraient pas dans la dernière édition du printemps 2021 et de ces huit nouveaux joueurs, un seul faisait partie des mentions honorables! On est peut-être victime d’un biais de récence, mais il semble que les repêchages de 2021 et de 2022, ainsi que les échanges de la nouvelle administration, ont fourni pas mal de sang neuf de bonne qualité.
Les vampires-junkies de hockey que nous sommes s’en réjouiront!
Mais je ne crois pas que le biais de récence joue un très gros rôle ici. On semble plutôt changé de catégorie de joueurs, tout simplement. Il y a quelques jours, dans les « mentions honorables » on retrouvait, en gros, les jeunes qui nous semblaient avoir de bonnes chances de se retrouver un jour dans la LNH dans des rôles de soutien. Or, le profil qui se dégage des espoirs faisant partie du top 12 laisse anticiper des rôles beaucoup plus prépondérants.
Filip Mesar
Potentiel/talent : 30 / 40
Assurance d’atteindre ce potentiel : 14 / 20
Valeur d’usage / rareté : 21 / 30
Valeur d’échange : 6.5 / 10
Total : 71.5 / 100
Potentiel
On ne se fera pas de cachette, si on avait été dans les souliers des dirigeants du CH, c’est vers le Tchèque Jiri Kulich et non vers Mesar qu’on se serait tourné. Kulich possède un tir à faire rêver et il pourrait à notre sens devenir un joueur étoile dans la LNH, peut-être dans les traces de son compatriote Pastrnak.
Cela dit, le potentiel de Mesar est plutôt intrigant. Certains parlent de lui comme d’un Artturi Lehkonen nouveau genre. Si on fait abstraction de ce qu’ils ont l’air sur la patinoire et qu’on parle plus de personnalité et d’impact général qu’il pourrait avoir sur l’équipe, ça me semble assez approprié comme comparable car, même après son départ au Colorado, le potentiel de ce dernier continue encore d’intriguer une génération de fans du Canadien!
Mais plus sérieusement, il y aurait pire comparaison. Si le repêchage de 2013 était à refaire, Lehkonen se retrouverait aisément en première ronde. Il est en fait le 25e meilleur marqueur de cet encan, un échelon pas si loin du 26e rang où Bobrov et Lapointe ont justement sélectionné Mesar cette année, on en conviendra…
Mesar est plus rapide que Lehkonen, qui n’était pas exactement lent. Il semble aussi avoir de bien meilleures mains et se montre plus agile en général. Ses statistiques à 17 ans dans la ligue professionnelle de Slovaquie ne sont peut-être pas renversantes – il aurait déçu plusieurs recruteurs qui s’attendaient à plus de sa part – mais elles ne sont pas mauvaises si on les met un brin en contexte. Cela dit, malgré de belles aptitudes individuelles, on ne voit pas nécessairement en lui un grand marqueur, ni un fabriquant de jeu exceptionnel au niveau de la LNH, mais plutôt un excellent joueur en échec avant et en désavantage numérique. Mais qui sait ce que quelques années de développement à des nivaux inférieurs pourraient entraîner comme progression…
Il nous sera déjà beaucoup plus facile de statuer sur le potentiel de Mesar l’an prochain alors qu’il aura fait le saut soit avec le Rocket dans la AHL ou avec Kitchener dans la OHL. On miserait pour l’instant un vieux deux que Mesar ira à Kitchener afin de développer encore davantage ses talents offensifs. Rien ne presse dans son cas et le Canadien doit tout faire pour maximiser le potentiel du jeune, qui n’avait pas pu dominer le championnat professionnel slovaque.
Kent Hughes a affirmé que la décision se prendra lors du camp, mais Mesar, qui n’est déjà pas le plus gros à 5’10, 177 livres, pourrait avoir la chance d’être l’un des bons jeunes de 18-19 de toute la OHL, alors qu’il ne ferait probablement que survivre dans la AHL.
Même la personnalité de Mesar fait penser à celle de Lehkonen. Suite à son repêchage, Mesar, plutôt effacé et humble, a dit qu’il ferait tout ce que le Tricolore lui demandera et lui conseillera de faire. Ça rappelle drôlement le petit soldat tranquille et discipliné qu’était le Finlandais passé au Colorado, et c’est une approche stoïcienne, sans égo déplacé, qui avait drôlement bien réussi dans son cas. Mesar semble aussi se dire, « occupez-vous du contenant, je m’occuperai du contenu ». Pas un mauvaise recette pour réussir dans le hockey professionnel, une industrie où les jeunes joueurs sont un peu comme les acteurs d’une pièce de théâtre qu’ils n’ont pas choisie, devant se contenter de bien jouer leur rôle et « contrôler ce qu’ils peuvent contrôler ».
On ne sait pour vous, mais cette attitude à elle seule a quelque chose de rassurant pour le genre de joueur que semblait rechercher le Canadien en fin de première ronde. Ça et son coup de patin qui est déjà de calibre LNH, lui qui était classé parmi les meilleurs patineurs du dernier repêchage…
Et puis, il y a bien sûr cette connexion naturelle avec un certain Juraj Slafkovsky, un ami d’enfance. Il s’agira d’un énorme facteur de motivation pour Mesar, qui voudra aller rejoindre son « pote » le plus rapidement possible.
Valeur d’usage
En jetant son dévolu sur Mesar, le Canadien a appliqué le principe du couteau suisse qu’il a réutilisé pour Owen Beck, repêché huit rangs plus loin au tout début de la deuxième ronde. L’idée ici c’est de sélectionner un joueur safe, polyvalent à souhait, bon dans tout, et qui peut autant jouer au centre qu’à l’aile.
Mesar pourrait aussi bien devenir une « troisième roue » sur un des deux premiers trios qu’un très bon joueur de troisième trio. Je ne vous redirai pas une fois de plus à qui ça fait penser en fait de contribution générale…
Dans un contexte de réinitialisation, on ne sait jamais quand une équipe peut redevenir compétitive et lorsqu’elle le devient ce sont souvent d’anciens choix de première ronde ou de deuxième ronde en début de carrière dans LNH ou sur le point de percer l’alignement qui sont sacrifiés (ex. : Justin Barron).
Il est beaucoup trop tôt pour dire si c’est le destin qui attend Mesar – surtout que ça ferait bien de la peine à Juraj! – mais un Mesar qui se développe bien peut un jour valoir un joueur important qui pourrait combler une carence à une position précise. Étrangement, un jeune Mesar, pourrait rapporter un joueur aguerri du calibre de… Lehkonen!
Conclusion
En Filip Mesar, le Canadien a fait confiance à ses recruteurs et à ses contacts en Slovaquie et ont certainement voulu donner une dose d’amour supplémentaire à Juraj Slafkovsky. Mais surtout, il semble avoir voulu mettre la main sur un joueur polyvalent aux multiples qualités qui trouvera bien le moyen d’atteindre la LNH. La raison pour laquelle Mesar se classe avant d’autres attaquants mentionnés dans notre dernier article, les Beck, Mysak, Ylonen, Tuch, Biondi, RHP, Kidney et Rohrer, est tout simplement qu’on pense qu’il a de meilleures chances qu’eux d’avoir un certain impact dans le top 9 dans un avenir raisonnable.
On reconnecte bientôt avec la 11e position!