En introduction dimanche, on vous avait présenté les principes et les nouveautés de notre décompte, ainsi que ceux qui nous semblaient clairement exclus du top 12.
Aujourd’hui, on passera au peigne fin celui qui n’a pas fait la coupure de justesse, un peu comme ce golfeur qui, en fin deuxième ronde le vendredi en fin d’après-midi, manque son roulé de cinq pieds au 18e trou, dit adieu aux lucratives rondes de la fin de semaine, puis remballe son sac et repart avec son petit bonheur jusqu’à la prochaine fois…
13. Mattias Norlinder | D, 20 ans, 5’11, 191 lbs | 3e ronde, 64e, 2019
Dernier classement : 9e
Potentiel : 31.5/40
Assurance : 14/20
Valeur d’usage : 23/30
Valeur d’échange : 6.5/10
Total : 75/100
Mattias Norlinder est certainement un des espoirs qui divisent le plus la communauté des observateurs. D’un côté, on a des Mathias Brunet et compagnie qui s’emballent en se basant sur les propos de Bergevin, du fameux recruteur Christer Rockström, et de quelques observateurs et entraîneurs en Suède. Ce sont ces derniers qui placent parfois son nom dans la même phrase que les Lidstrom, Dahlin et Hedman de ce monde en y apportant des nuances ici et là.
Alors, qui croire?
Potentiel
Nous sommes obligés d’apprécier le talent brut de Norlinder qui possède un potentiel digne du top 8 dans notre décompte. Le potentiel et le talent brut, voilà la carte de Norlinder dans ce classement. C’est ce qui nous le fait placer devant Brook et Fleury, entre autres. Avant le dernier repêchage, Bergevin classait même le Suédois au 4e rang chez ses espoirs, tout juste derrière Suzuki, Kotkaniemi et Romanov. Le coup de patin, le tir et les mains, bref, les habilités individuelles de Norlinder semblent au-dessus de la moyenne et elles en font rêver plusieurs…
Mais est-ce que tout ça se traduit par une production et un rendement général qui sort de l’ordinaire? Avec une fiche après 34 parties de 5 buts, 10 points et un frisquet différentiel de -9, le pire de Frölunda, on est obligé de répondre à cette question par un NON catégorique. Frölunda est un club correct de milieu de peloton, qui marque autant de buts qu’il en accorde. On s’attendrait d’un véritable espoir de premier plan qu’il tire son club davantage vers le haut, n’est-ce pas?
À Frölunda, au sein de son propre club, Norlinder ne ressort pas du lot offensivement. À titre comparatif, son coéquipier Stefan Elliott, 30 ans, ancien choix de 2e tour de l’Avalanche en 2009, vedette offensive lors de ses années junior avec Saskatoon, et qui s’est promené entre la AHL, des circuits européens et la LNH pendant une dizaine d’années, montre une fiche de 8 buts et 17 points, ainsi qu’un modeste -3 en 42 matchs.
Norlinder, qui aura 21 ans le mois prochain et qui passera une autre saison à Frölunda en 2021-2022, deviendra-t-il un défenseur « offensif » supérieur à ce Stefan Elliott, qui au fil des ans du Colorado à Ottawa, en passant par l’Arizona et Nashville, a inscrit 25 points en 87 parties dans la LNH, en y maintenant un différentiel de -5? Peut-être. Mais peut-être pas aussi.
Stefan Elliott lors de son récent passage à Belleville…
Crédit : Bellevillesens.com
Bref, allez jeter un œil à toutes les formations de SweHL et vous verrez que des défenseurs au profil semblable ou supérieur à Norlinder, il y en a presque dans chaque équipe. La SweHL est une ligue plutôt défensive où il est difficile d’accumuler beaucoup de points, mais si on essaie de transposer le style de Norlinder à partir de ce qu’on voit en Suède, des doutes peuvent certainement être soulevés quant à sa capacité à produire et à défendre efficacement dans la LNH contre les meilleurs joueurs au monde.
Assurance
Norlinder travaille fort. Il fait de l’extra. Une éthique de travail irréprochable, dit-on en Suède. C’est son style et sa manière de jouer en général, autant offensivement que défensivement, qui nous fait croire que son adaptation au style de jeu nord-américain ne se fera pas comme un changement de beat de John Bonham (Led Zeppelin). Dans la LNH, les décisions doivent se prendre rapidement à cause de la dimension de la patinoire jumelée à un échec-avant soutenu exécuté par des joueurs plus gros, plus habiles et plus rapides que dans la SweHL, des joueurs auxquels il sera aussi plus souvent confronté en espace restreint.
Valeur d’usage/utilité
Quelle équipe ne rêve pas d’avoir un défenseur gaucher mobile et talentueux, capable de relancer l’attaque et de mener l’avantage numérique? Le Canadien, comme bien des formations, aimerait certainement pouvoir compter sur un tel défenseur dans les prochaines années, une espèce disparue depuis le départ Markov. Et on connaît tous trop bien les limites de Chiarot, Edmundson et Kulak qui, de surcroit, ne sont pas exactement des immortels à Montréal.
Il y a donc bien une utilité envisageable dans l’organisation pour un gars comme Norlinder. C’est probablement ce rôle en tant que « petit virtuose offensif » que Bergevin avait en tête lorsqu’il voyait Norlinder comme son 4e espoir le plus important tout juste avant le dernier repêchage. Qu’en est-il de cet optimisme six mois plus tard au terme d’une saison très ordinaire? Le voit-on encore diriger l’avantage numérique du Tricolore un jour et jouer sur une des deux premières paires avec un Romanov? Hmmm…
Valeur d’échange
On peut soupçonner qu’il y a bien 4-5 directeurs généraux ayant de bonnes antennes en Suède qui pourraient s’intéresser à Norlinder dans le cadre d’un échange avec le Canadien. Mais de là à penser que le Suédois serait la pièce maîtresse d’une transaction d’envergure, il y a un pas que nous ne franchirons pas. On le voit davantage comme un défenseur possédant une certaine valeur sur le marché. Un genre de « joli pari » dans une transaction où le CH obtiendrait un honnête vétéran en location à la date limite, par exemple. Ou encore, un morceau intéressant, dans un échange impliquant plusieurs joueurs.
Verriez-vous Norlinder impliqué dans « package » en retour d’un Ryan Getzlaf ou encore, plus réalistement, d’un Luke Glendening?
Crédit : NHL.com
Bref, Norlinder est encore bien loin d’être un throw in de fond de tiroir. On s’entend. Le coup de circuit est encore possible dans son cas. Et, à moins qu’une équipe soit carrément en amour et prête à donner gros pour ses services, c’est pourquoi il est peut-être préférable que le Tricolore attende de le voir évoluer en Amérique avant de penser l’inclure dans une transaction. Son utilité envisagée pour l’équipe est probablement encore supérieure à sa valeur d’échange. Et si jamais il réussissait sa transition outre-mer, cette dernière augmentera de beaucoup par la même occasion.
Patience, donc. Mais prudence aussi dans les prévisions sur Norlinder!
En espérant que ça vous ait plu, on reconnecte jeudi pour la position #12!