Top-15 2024 des espoirs du CH : Introduction, gradués et mentions honorables

Tradition oblige, qui dit entre-saison, dit nouveau top-15 des espoirs du CH!

Sauf pour quelques étés où le temps manquait, ça fait déjà une dizaine d’années que je me prête à cet exercice qui consiste à classer les jeunes du Tricolore selon leur degré anticipé d’importance à partir de cette simple question : Lesquels semblent les plus à même de faire progresser significativement le Tricolore?

Je me rappelle donc très bien de cette époque peu glorieuse où les Beaulieu, Scherbak, McCarron, De La Rose, Hudon et Andrighetto occupaient des positions enviables dans ce classement, faute de mieux!

Mais même si on n’avait pas tellement le choix de leur prédire parfois des rôles relativement importants au sein de l’organisation, on notera qu’on ne retrouvait pas les qualificatifs « supervedette » ou « joueur vedette » dans ces articles qui remontent à 2014 et qu’on limitait notre liste à 12 joueurs, car il aurait été indécent de pousser le bouchon jusqu’à 15!

C’est donc une toute autre histoire depuis quelques saisons, particulièrement suite aux repêchages des Caufield, Slafkovsky, Hutson, Reinbacher et maintenant Demidov.

Les trois premiers nous ont déjà montré une bonne partie de leur savoir-faire, soit lors de longues séquences productives dans la LNH, soit avec une feuille de route et des flashs impressionnants qui ne trompent pas.

Pour ce qui est de Reinbacher et Demidov, choisis tous deux au 5e rang lors des deux derniers repêchages, tous les espoirs sont permis.

Dans le cas de ces cinq joueurs, les enviables qualificatifs susmentionnés pourraient donc tous s’appliquer à divers degrés.

Ainsi, on parle maintenant tout aussi bien qualité que de quantité.

Ce n’est donc pas pour rien si la banque d’espoirs du CH se classe souvent parmi les meilleures de la LNH ces dernières années, entre autres sur cette récente liste qui ne compte même pas Slafkovsky parce qu’il a joué plus que 100 matchs dans la LNH (121)…

Introduction : Qu’est-ce qu’un espoir? 

On le devine, s’il y a bien un concept qui peut laisser place à une grande subjectivité dans l’univers sportif, c’est bien celui d’espoir, peut-être encore plus au hockey, un sport à développement assez tardif, où les choses sont souvent plus difficiles à catégoriser et prédire pour plusieurs raisons trop longues à expliquer ici.

À mon sens, le fait qu’un joueur est soit disant établi pour de bon dans la LNH ne devrait pas lui enlever son statut d’« espoir ». Un espoir peut donc jouer dans la LNH sur une base régulière, puisque c’est tout simplement là que de plus en plus d’équipes poursuivent le développement de leur meilleurs poulains.

Elles savent qu’elles ne verront pas le « produit fini » avant quelques, voire plusieurs années et sont prêtes à vivre avec ça, préférant travailler directement avec leurs joyaux sur une base quotidienne.

Par exemple, Juraj Slafkovsky s’est établi dans la LNH à 18 ans, mais c’est surtout parce qu’on a décidé de le développer en haut plutôt qu’ailleurs. Puis, malgré une première éclosion évidente à 19 ans, il ne semble pas parti pour s’arrêter là.

Slafkovsky sera donc de notre classement.

On aura compris qu’il ne devrait pas non plus y avoir un nombre magique de matchs qui ferait foi de tout. Le nombre de matchs joués dans la LNH est selon moi le plus arbitraire des critères « objectifs » !

Un peu comme le yogourt « meilleur avant » le 30 juillet qui ne devient pas subitement immangeable à minuit, l’espoir ne devient pas soudainement un vétéran qui nous a tout montré son potentiel parce qu’il a joué 50, 80, voire 125 matchs dans le show!

Slafkovsky a beau avoir 121 matchs au compteur, on ne voit pas encore la fin de sa courbe de progression.

À l’inverse, d’autres, souvent arrivés plus tard à 21-22-23 ans (Harris, Struble, Evans), ne mettront souvent que quelques dizaines de matchs avant de nous donner une assez bonne idée de leur potentiel optimal.

Pour ma part, je crois que c’est lorsque cette courbe de progression se stabilise et que les attentes envers les joueurs se matérialisent qu’on doit les graduer. Pas avant.

Le développement terminé, c’est ensuite qu’on passe au perfectionnement (voir Suzuki, Nick).

Un espoir, c’est donc un jeune joueur qui n’a pas encore atteint la LNH ou duquel il y a encore une nette progression à espérer de façon rationnelle et réaliste. Quelque chose comme une grande éclosion, une confirmation de son potentiel sur une base régulière dans la LNH.

Par extension, une banque d’espoirs est simplement une banque de potentiel encore en développement.

Je pense enfin que cette définition « souple » nous évite certaines aberrations dans l’analyse des banques espoirs suite à des graduations précipitées se basant sur un nombre de matchs fixes.

Pour le reste, nous classerons les espoirs de ce top-15 à partir de nos critères habituels :
Potentiel : 40 %
Assurance d’atteindre le potentiel : 20%
Valeur d’usage/rareté/unicité : 30%
Valeur d’échange : 10%

Allons-y donc avec les gradués de 2024 avant de glisser quelques mots sur les mentions honorables se situant à l’extérieur du top-15.

Les gradués

Alex Newhook | Dernier classement : 6e

Presque un gradué l’an dernier, Newhook n’a pas révolutionné l’équipe lors de son arrivée, mais personne ne lui en demandait de devenir la réincarnation de Mats Naslund.

Suite aux départ de plusieurs attaquants (Drouin, Byron, Hoffman, Pitlick) Kent Hughes, son ancien agent, avait décidé d’échanger ses choix 31 et 37 en 2023 pour mettre la main sur un bon contributeur de milieu d’alignement et c’est en plein ce qu’il a obtenu.

Les dirigeants du CH semblent déjà avoir gagné en partie leur pari, car Newhook a justement atteint l’autre « petite coche » qu’ils espéraient.

Sur 82 matchs, le Terre-Neuvien aurait facilement enregistré une cinquantaine de points et c’est plus ou moins ce qu’on est en droit de s’attendre de sa part pour les saisons à venir.

Avec un peu de perfectionnement, s’il devenait un meilleur fabricant de jeu des saisons de 60-65 points pourraient être à sa portée.

Mais, en tant que tel, on ne devrait pas parler pas d’un joueur qui sera très différent de celui qu’on a vu l’an dernier.

Newhook doit juste demeurer en santé et faire sa part à la hauteur de ses capacités, c’est-à-dire, utiliser sa vitesse pour créer des ouvertures et continuer à se montrer opportuniste en position de marquer. En somme, continuer à être un bon joueur complémentaire.

Jayden Struble | Dernier classement : mention honorable

Un peu comme Harris avant lui, Struble est arrivé presque comme un produit fini de l’Université Northeastern et sa transition dans la AHL, tout comme dans la LNH, s’est presque faite sans heurt.

Bon patineur, robuste, capable de jouer avec aplomb tout en montrant une petite touche offensive, il aura 23 ans en octobre. Struble n’a cependant ni la vision, ni les mains, ni la créativité pour devenir beaucoup plus que ce qu’il est actuellement : un jeune homme athlétique et travaillant capable de tenir son bout comme 6e-7e défenseur.

À Montréal, il est cependant le 6e défenseur gaucher en importance et pourrait être rejoint et dépassé par d’autres sous peu… C’est pourquoi on ne serait pas étonné de le retrouver à Laval en octobre, lui qui n’a toujours pas à être soumis au ballottage, contrairement à certains de ses coéquipiers.

À moins que l’on procède à un ménage important chez les gauchers et qu’il en soit épargné, son avenir dans la LNH serait peut-être plus radieux ailleurs…

Mentions honorables

Evgeny Volokhin | Dernier classement : aucun

Commençons donc en force notre analyse des mentions honorables en affirmant que Volokhin est un peu le joker de ce palmarès. Ses statistiques dans la MHL (genre de junior majeur russe, même ligue que Demidov) sont absolument renversantes depuis deux ans et la limite de son potentiel demeure très difficile à prédire.

Volokhin est grand et athlétique et ses entraîneurs pensent qu’il a le tempérament pour se frayer un chemin vers la LNH.

Si ça se trouve, le gardien russe mériterait-il de faire partie du top-8 de cette liste? Ce n’est qu’en en rétrospective qu’on pourra le dire dans 4-5 ans!

Mais puisque certains membres de l’organisation croient déjà qu’il est peut-être le meilleur espoir chez le gardiens de la banque du CH, on sera à tout le moins conservateur en lui trouvant une place de choix dans nos mentions honorables.

Oliver Kapanen | Dernier classement : mention honorable

Bon! On pourra enfin un peu mieux voir si les attentes très élevées de Grant McCagg – un potentiel deuxième centre! – à l‘endroit du centre finlandais sont justifiées puisque Kapanen, 21 ans dans quelques jours, sera du prochain camp d’entraînement.

Pour ma part, malgré son embellie statistique de l’an dernier, notamment en séries de la Liiga et au Championnat mondial senior, je ne vois toujours rien de plus qu’un centre de quatrième trio dans la LNH en étant réaliste.

Joueur intelligent et travaillant, Kapanen semble avoir trouvé le moyen d’être plus souvent au bon endroit au bon moment – ce qui est déjà une qualité importante pour la LNH – mais il n’est pas un grand créateur sur le glace et devra donc compter sur de bons coéquipiers pour être productif.

Donc, dans un monde idéal, Kapanen pourrait éventuellement prendre la place d’un Jake Evans. Reste à voir si sa transition en Amérique se passera bien, ce qui n’est pas une assurance pour les Finlandais ces derniers temps… D’ailleurs, l’espoir couvre déjà ses arrières, puisqu’en plus de son contrat de trois ans avec le Canadien, il a aussi en poche une entente valide de deux ans avec Timra, le club de son père en première division suédoise.

On verra donc en temps et lieu si Kapanen sera le dernier « succès » de l’ère Trevor Timmins… ou pas.

Filip Mesar | Dernier classement : 14e

Peut-être que Mesar n’était tout simplement pas prêt physiquement pour la AHL et on peut aussi entretenir certains doutes sur son caractère, mais on va tout de même lui souhaiter que Pascal Vincent lui réserve une plus grande place dans son petit cœur que ne l’a fait Jean-François Houle ces deux dernières années

Sans rien casser à Kitchener durant cette période, on a quand même pu constater une fois de plus au dernier CMJ que Mesar demeure un attaquant talentueux doté d’une belle vision qui gagnera sans doute à évoluer avec de meilleurs joueurs. C’est un excellent passeur au niveau junior comme en font foi ses dernières séries dans la OHL avec ses 15 passes en 10 matchs. Il possède aussi un excellent tir du poignet qu’il gagnerait à utiliser plus fréquemment, notamment en s’approchant plus souvent de l’enclave.

Un éventuel rôle sur un 3e trio est encore possible dans son cas. Un peu comme pour les Lehkonen et Ylonen avant lui, personne n’a osé prédire une arrivée rapide du petit slovaque dans la LNH.

Cela dit, et au risque de me répéter, il n’aurait pas été mon choix au 26e rang en 2022…

Florian Xhekaj | Dernier classement : aucun

Moyennant un bon camp d’entraînement et une adaptation rapide au hockey professionnel, en voilà un qui pourrait bientôt devenir un joueur populaire à Laval, là où il a justement terminé la saison.

Avec son jeu robuste et sa capacité de marquer des buts aux abords du filet dans le junior ontarien, il se pourrait bien que Xhekaj soit prêt pour la prochaine étape.

Cela dit, on n’osera pas lui prédire un succès instantané chez les pros alors qu’il ne pourra plus profiter aussi facilement de ses attributs physiques.

En plus d’améliorer sa mobilité et son agilité, il devra peaufiner son art tout près des gardiens adverses tout en étant assailli par des défenseurs plus imposants et expérimentés. Mais s’il parvient à y faire son territoire, il pourrait un jour valoir son pesant d’or dans le bas de l’alignement du CH.

Montrant un potentiel non négligeable dans l’ensemble (grande portée, bon lancer, mains correctes), le « petit frère » a laissé une belle carte de visite au dernier camp de développement et il sera intéressant de suivre de près la « licorne » de Nick Bobrov en septembre prochain.

Considérant sa rareté – il semble être passé devant Luke Tuch dans l’esprit de plusieurs –  Florian Xhekaj est un genre de facteur X dans la banque d’espoirs du CH et plusieurs rêvent sans doute de le voir un jour marquer de gros buts en séries pour la Flanelle.

Pas impossible, mais comme le veut le peronnisme, il y a encore loin de la coupe aux lièvres…

Conclusion

Comment? Pas de Farrell, ni de Heineman ou de Trudeau? Et Konyushkov, lui?

Eh non!

Avec un contrat en poche jusqu’en 2026 dans la KHL, bien de l’eau aura le temps de couler sous les ponts avant que l’on ne voit le bout du nez du bon Bogdan de ce côté-ci de l’Atlantique… Son importance très théorique réside présentement dans la profondeur qu’il apporte au côté droit de la défensive dans une perspective à long terme, rien de plus. Après un début de saison épatant, il a plafonné l’an dernier. Le « nouveau Norlinder »…

Trudeau s’était pour sa part classé 14e à la suite d’un bon camp l’an dernier, mais on n’a malheureusement pas vu de progression dans son jeu à Laval suite à son renvoi à l’automne. Du reste, il est rendu 8e chez les arrières gauchers dans la hiérarchie montréalaise… À moins d’une explosion inouïe, ça va prendre du mouvement à gauche ou c’est lui qui devra bouger s’il veut se donner une meilleure chance d’atteindre la LNH un jour…

Farrell, 23 ans en novembre prochain, a été tout simplement ordinaire et incapable de s’affirmer sur une base constante à Laval. Trop de carences flagrantes et vraiment pas assez de qualités dominantes pour le petit Américain.

De son côté, Heineman possède bien plusieurs outils intéressant et est absolument sublime lors des périodes d’échauffement avec son tir son réception. Le problème est qu’il n’a malheureusement pas beaucoup plus de sens du jeu que ma belle-mère a de couteaux aiguisés dans sa cuisine!

Alors voilà, on reconnecte bientôt avec les positions 15 à 13! 

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