On peut penser que la sélection d’Ivan Demidov était un véritable no brainer au 5e rang en juin dernier.
Mais c’était aussi un beau signe de respect et de confiance que l’état-major du CH a montré à l’endroit de Reinbacher en ne sélectionnant pas un des nombreux arrières prometteurs encore disponibles.
On pense entre autres à Zeev Buium – mon préféré – que le Tricolore aimait bien, ou encore le gros droitier, Carter Yakemchuk, sélectionné deux rangs plus loin par Ottawa.
En effet, après une saison ordinaire en Suisse, on aurait très bien pu douter de Reinbacher comme futur défenseur de première paire et se dire qu’il faudrait encore renforcer le côté droit de la défense, malgré la présence de Barron et de Mailloux derrière lui dans l’organigramme.
Or, l’assurance que leur ont procuré Reinbacher ET Hutson dans le dernier droit de la saison à Laval et Montréal, en offrant exactement le genre de hockey qu’on espérait d’eux, a sans doute contribué à la sélection de l’attaquant Demidov dans une plus grande sérénité.
Reinbacher 1st goal in the AHL 🔥
(Better quality) pic.twitter.com/cVE4Ad4k6L
— Knievel (@fellachance) March 23, 2024
4. David Reinbacher | Dernier classement : 1er
Potentiel : 36.5/40
Assurance : 16.5/20
Utilité/rareté : 26/30
Valeur d’échange : 8.5/10
Total : 87.5/100
Potentiel
On ne réinventera pas la roue au sujet du potentiel de Reinbacher. L’Autrichien possède un gabarit avantageux, une belle fluidité sur patins, des mains sûres, un QI hockey très au-dessus de la moyenne, tout ça accompagné d’une belle dose d’agressivité.
Ça fait de lui un des arrières les plus complets des deux derniers repêchages. Et ça donne ce genre de séquences, où il passe de la défensive à l’offensive avec aisance :
Reinbacher with a great defensive play and great activation in transition https://t.co/V8R1vZedH5 pic.twitter.com/dzg1Uc51TO
— Talk_canadiens (@talk_canadiens) August 24, 2024
Reinbacher n’est pas un Cale Makar, mais moyennant une carrière au sein d’une bonne équipe avec un bon partenaire à sa gauche – ce qui devrait être le cas – et des présences en avantage numérique, il sera capable d’une quarantaine de points et devrait terminer ses saisons avec un différentiel positif année après année.
Mais c’est surtout son jeu et ses minutes de qualités à 5 contre 5 qui seront son pain et son beurre. Donc, bien au-delà du nombre de points, c’est plutôt le nombre de minutes jouées en moyenne contre les meilleurs éléments adverses qui devraient caractériser l’ensemble de sa carrière dans la LNH.
Cela dit, jouer à 5 contre 5 en compagnie de Lane Hutson – qui jusqu’ici n’a pas grand-chose à envier à Quinn Hughes dans son parcours – peut faire engraisser une fiche offensive sans trop forcer!
Parlez-en au partenaire de Hughes à Vancouver, Filip Hronek, et son nouveau contrat de 8 ans / 58 M$!!!
Bref, Reinbacher, un 5e choix au total qui présente un profil supérieur à Hronek au même âge, a tout d’un futur défenseur vedette au style plus sobre se situant quelque part sur un éventail comptant sur des Pietrangelo, Ehkolm, Seider, Slavin, Forsling… et Éric Desjardins pour les 40 ans et plus!
Comme on le disait plus haut, après une campagne plutôt « ordinaire » pour toutes sortes de raisons hors de son contrôle à Kloten (équipe médiocre, blessures, congédiements/changements d’entraîneurs), ses premiers pas à Laval ont sans doute rassuré bien du monde à l’intérieur et à l’extérieur de l’organisation.
Dès son arrivée, on a tout de suite réalisé que Reinbacher aurait dû jouer au pays du Cosmodôme la saison dernière et que, tout comme Mailloux, il aurait pu rapidement devenir un défenseur dominant dans la AHL.
Même si le raisonnement de l’envoyer en Suisse se défendait à la base et que l’adversité n’a pas que de mauvais côtés, après coup, il faudra probablement classer ce choix parmi les très rares décisions que le « nouvel » état-major regrette peut-être un peu…
Mais, dans la vue d’ensemble, il ne faut pas oublier qu’avant sa dernière saison à Kloten, Reinbacher avait connu un très bon camp d’entraînement à Montréal et une excellente campagne en Suisse l’année précédente.
Donc, malgré un petit pas de côté avant d’arriver à Laval, avec son intelligence, son talent et sa force physique, l’Autrichien a toujours d’excellentes chances d’atteindre son plein potentiel dans la LNH dans des délais enviables pour un défenseur.
Et, de la bouche du cheval, en voilà un qui ne cédera pas sa place facilement au prochain camp.
Valeur d’usage
En discutant plus tôt de son potentiel, on en a quand même dit assez long sur sa valeur d’usage et c’est justement ici qu’il se démarque de Hutson… sans nécessairement lui être supérieur!
En fait, plus ça va, plus on pense que le CH a repêché Reinbacher entre autres pour s’assurer d’avoir dans ses rangs le complément idéal pour son spectaculaire espoir américain.
Reinbacher devrait être celui qui permettra à Hutson de pouvoir régulièrement jouer son style contre les bons éléments adverses car il couvrira ses arrières. On se rappelle encore de leur chimie naturelle TRÈS convaincante au camp de développement en 2023…
En contrepartie, Reinbacher pourrait aussi, au besoin, être un de ceux qui permettront à ses entraîneurs de soustraire Hutson des meilleurs trios de l’ennemi en abattant le sale boulot en compagnie d’un autre gaucher.
D’une manière ou d’une autre, ce sera donc en bonne partie grâce à lui si Hutson pourra jouer plus de 20 minutes soir après soir sans trop se casser la tête.
Ça vaut déjà son pesant d’or…
Cela dit, ce qu’amène Reinbacher au CH est-il aussi unique et rare au sein de l’organisation que ce que l’on croit Hutson capable d’apporter?
On tergiverse sur cette question depuis l’an dernier alors qu’on avait placé Reinbacher tout juste devant Hutson, et comme vous vous en doutez, on n’aura pas le choix d’y revenir très bientôt!
Après avoir reçu au moins trois offres pour pouvoir mettre la main sur Reinbacher au 5e rang en 2023, dont une qui impliquait le gardien Yaroslav Askarov, alors avec les Predators, est-ce que Kent Hughes a reçu d’autres propositions sérieuses pour les services de son jeune arrière depuis?
Difficile à dire.
Mais si on a offert Cutter Gauthier du côté de Philadelphie lors du même repêchage, et que Hughes ait répondu par la négative à Daniel Brière, ça nous indique déjà pas mal de choses du côté de la valeur marchande de Reinbacher dans la tête du HuGo.
En plus de valoir plus que le meilleur espoir de toute la LNH dans les buts, aux yeux du CH, Reinbacher vaudrait ainsi plus que le très prometteur ailier de puissance top-6 repêché au 5e rang en 2022. Et, pour les quelques esprits rancuniers toujours bien aiguisés, il valait évidemment plus que l’énigmatique Michkov.
La valeur de Reinbacher a peut-être chuté un brin l’hiver dernier en Suisse, mais elle a sans doute repris de la vigueur à Laval et on est pas mal certain que les recruteurs professionnels ont pris note de tout ça…
Conclusion
En somme, si Guhle sera le coeur et l’âme de la brigade montréalaise et Hutson, son dynamo, David Reinbacher pourrait bien en devenir le prochain « général ».
Ou, si vous préférez, « l’aigle » qui survole les lieux.
On se revoit pour discuter respectueusement le bout de gras sur Facebook ou Twitter!