Top-15 des espoirs du CH | Les positions 15 à 13… et Lias « wildcard » Andersson

Après notre introduction et nos mentions honorables la semaine dernière, nous commençons aujourd’hui notre véritable top-15 des espoirs les plus importants du CH avec les positions 15 à 13.

Mais à ce trio d’attaquants qui occuperont ces positions, nous avons cru bon d’en ajouter un autre pour le moins difficile à classer, un joueur pour qui il s’agit peut-être de la toute dernière chance de s’établir dans la LNH.

Placez Lias Andersson dans les « mentions honorables » si vous voulez ou classez-le au 10e rang si ça vous chante.

Pour ma part, je le qualifie tout simplement comme un joueur wildcard et ne lui assigne pas de position précise dans le classement.

Mais, il pourrait bien avoir son importance pour le CH si les astres s’alignent un peu…

Lias Andersson : l’espoir « wildcard » de l’organisation

Pour ceux qui ne la connaissent pas, l’histoire de Lias Andersson est plutôt fascinante, surtout ses débuts tumultueux dans l’organisation des Rangers.

Un joueur très passionné et émotif, d’autres se rappelleront aussi qu’il avait lancé sa médaille d’argent dans les gradins lors du CMJ de 2018 après avoir perdu en finale contre le Canada.

Andersson, choisi contre toute attente au septième rang par les Blue Shirts de Jeff Gorton en 2017 – les observateurs l’anticipaient davantage au milieu de la première ronde – a éventuellement connu des épisodes difficiles au plan psychologique alors qu’il n’a pas été en mesure de s’établir avec les Rangers dans les années qui ont suivi son repêchage.

Quittant l’organisation new-yorkaise en décembre 2019, pour aller s’éclaircir les idées en Suède, et éventuellement reprendre du collier dans la SHL, Andersson a avoué avoir souffert de peur de l’échec, développant par la même occasion de mauvaises habitudes de vie, entre autres un manque de sommeil et des jeux vidéo tard dans la nuit…

Donc, après avoir rejoué quelques matchs en SHL pour garder la forme à l’hiver 2020, Andersson était donc heureux d’avoir la chance de passer des Rangers aux Kings à la fin de la saison. Mais ça n’a jamais vraiment débloqué pour lui à Los Angeles, où il n’aura joué que 44 matchs en trois saisons.

C’est davantage après une transition à l’aile avec le Reign d’Ontario, club-école des Kings, que le Suédois a pu enfin s’affirmer en Amérique du Nord, enregistrant pas moins de 82 points, dont 43 buts, en 86 matchs durant la même période.

On notera qu’on n’a tout simplement pas vu ce genre de statistiques chez un jeune espoir du CH à Laval lors des dernières années. Seuls Ylonen et Harvey-Pinard se sont approchés de ces chiffres, et encore…

Dans un premier temps, c’est donc son potentiel offensif et ses statistiques pour le moins impressionnantes avec le Reign, particulièrement sa touche de marqueur, qui nous incitent à lui faire une place spéciale dans ce décompte.

Dans un deuxième temps, ne sous-estimons la valeur d’usage de Andersson pour l’organisation du Canadien.

Bien sûr, à moins qu’il ne détruise tout sur son passage au camp d’entraînement (et encore), Andersson va commencer l’année à Laval et risque fort d’être le meilleur attaquant du Rocket. Il risque aussi d’être le premier rappelé en cas de blessures.

Mais là où ça devient encore plus intéressant, surtout dans une optique où le CH serait encore vendeur cette saison, c’est qu’il y a au moins une demi-douzaine d’attaquants de l’édition actuelle du CH qui ne sont pas assis sur des chaises très confortables.

En anticipant aux moins un ou deux départs parmi les Monahan, Dvorak, Evans, Hoffman, Pitlick, Ylonen et peut-être même Josh Anderson si Hughes a son prix, il y a de fortes chances que l’ancien de Frolunda jouera au moins 30 matchs avec le CH cette saison.

S’il affiche une production semblable à celle de RHP, disons, 15-20 points en 35 matchs, en jouant 12-13 minutes par partie, il pourrait même recevoir une jolie petite prolongation de contrat. Le CH se retrouverait alors avec un autre attaquant polyvalent pas mal dans le même groupe d’âge que le noyau que l’on veut voir grandir ensemble.

On ne le comparera pas à Dach, ni Newhook, mais l’acquisition de Andersson – 25 ans en octobre – s’inscrit un peu dans la même philosophie de reconstruction qui ne passe exclusivement par des choix de repêchage, mais aussi (beaucoup) par l’acquisition de jeunes joueurs dont le talent n’a pas été optimisé ailleurs.

Reste donc  à voir si Andersson sera en mesure de faire dans l’organisation du CH ce qu’il n’a jamais fait ailleurs : produire dans la LNH, lui qui n’a enregistré que 17 points en 110 matchs dans la meilleure ligue au monde jusqu’ici.

À l’époque, Jeff Gorton avait avoué, peu après l’avoir échangé, que les Rangers avaient mal géré le développement du jeune Andersson. Maintenant que son développement semble être complété dans la AHL, on est curieux de voir quelle genre d’opportunité lui offrira l’organisation montréalaise.

Même si on indique qu’il mesure 5’11, Andersson semble petit sur la patinoire et n’est pas particulièrement rapide, ni fort physiquement. En revanche, il est doté de très bonnes mains et est capable de dégainer rapidement avec précision. On ne marque pas 43 buts en 86 matchs dans la AHL par hasard…

On pense que le duo Gorton-Bobrov croit encore à son talent supérieur à la moyenne et veut vraiment lui donner une dernière chance de s’établir dans la LNH à un moment où Andersson a sans doute réglé ses problèmes d’anxiétés de jeunesse et sait qu’il n’a plus rien à perdre.

Peut-être qu’un joueur intelligent et passionné comme Andersson pourrait profiter d’un coach passionné et intelligent comme Martin St-Louis…

Dans le style « long shot » sur un ancien haut choix de première ronde, je préfère ses chances à celles de Gurianov.

Faudra juste laisser un peu de temps au temps…

15. Sean Farrell (Dernier classement : 8e)

Potentiel : 33 / 40
Assurance : 11 / 20
Valeur d’usage : 20 / 30
Valeur d’échange : 6,5 / 10
Total : 70,5 / 100

Même si je l’avais classé plus haut l’an dernier et qu’il avait monté dans mon estime après ses débuts encourageants dans la NCAAje dois avouer ne jamais avoir trop partagé l’enthousiasme quasi débordant que plusieurs affichaient (mais qu’ils affichent peut-être déjà un peu moins) à l’endroit de Sean Farrell.

Je suis donc un peu plus revenu à l’esprit de mon analyse de 2021 dans son cas.

J’estime que sa dernière année dans la USHL en que que « overager » et sa première année à l’université en tant que « faux freshman » de 20 ans nous ont montré des statistiques un peu faussées ne dévoilant pas son véritable potentiel. Et n’oublions pas que Harvard joue dans une division très faible de la NCAA, donc même l’an dernier à son année de « faux sophomore »m ses 53 points en 34 matchs, il faut les relativiser.

C’est comme si Farrell avait été placé dans des réalités parallèles pendant deux, trois ans.

Après sa « saison de rêve » à Harvard, le choc de la réalité a été assez brutal lors des six matchs qu’il a pu jouer avec le CH en fin de saison.

On a tout de suite vu la différence entre son arrivée de la NCAA et celle qu’avait connue Caufield au printemps 2021. Les dirigeants l’ont aussi remarqué et lui ont fait sauter quelques matchs pour lui permettre de respirer un peu.

Un de ses plus enthousiastes supporters était sans aucun doute Adam Nicholas, le directeur du développement du Tricolore qui l’avait bien connu dans la USHL alors qu’il travaillait avec le Steel de Chicago. Je ne sais pas s’il a déchanté un peu après avoir vu les modestes débuts de son « protégé » à Montréal, mais disons que ce dernier n’était tout simplement pas prêt pour la LNH.

Je ne sais pas non plus si Simon Boisvert, qui avait repêché Farrell à l’époque pour qu’il s’aligne avec les Foreurs de Val-d’Or et dont je respecte hautement les opinions, a revu à la baisse ses attentes concernant Farrell avec ce qu’il a montré au Tricolore le printemps dernier.

Farrell, qui aura déjà 22 ans en novembre prochain, n’était juste pas assez vite et pas assez fort, si bien qu’on n’a pas vraiment pu voir ses qualités dominantes comme son intelligence et son tir.

C’est pourquoi on ne lui prédira pas un très grand nombre de matchs cette saison à Montréal. Farrell a besoin de prendre du millage dans la AHL, d’y trouver ses repères, de s’adapter à la vitesse du jeu et à la force des joueurs.

Valeur d’usage : Quel futur pour lui à Montréal?

Mais, à plus forte raison, on peut aussi se questionner sur son futur dans l’organisation.

Quand le Canadien sera de retour parmi les bonnes équipes de la LNH, disons en 2025-2026 comme on l’avançait dernièrement, quand son noyau arrivera à maturité, où placeriez-vous Sean Farrell dans la formation?

Quel rôle pourrait-il y jouer?

Farrell a à peu près le même gabarit que Caufield, mais vraiment pas la même force physique, la même explosion, le même dynamisme, le même tir, ni le même talent.

Et le CH compte déjà plusieurs autres joueurs au gabarit un peu sous la moyenne qui sont tous plus forts que lui physiquement.

Aura-t-il sa place sur un top-6 qui comptera déjà sur Caufield, Suzuki, et possiblement des joueurs comme Newhook et Roy? Ou sur une troisième ligne où l’on pourrait déjà retrouver Beck et Mesar?

S’il ne peut pas jouer sur les deux, voire les trois premiers trios de l’équipe, voudra-t-on vraiment avoir un Sean Farrell sur une quatrième ligne?

Pense pas…

Faites l’organigramme (depth chart) du CH que vous voulez pour les années à venir, il faudrait vraiment que Farrell rebondisse rapidement au niveau professionnel à Laval et connaisse toute une saison 2023-2024 pour que l’on change d’idée sur lui…

14. Filip Mesar (Dernier classement : 12e)
Potentiel : 31/40

Assurance : 14/20
Valeur d’usage : 21/30
Valeur d’échange : 6,5/10
Total :  : 72,5 / 100

Il y a un risque que Filip Mesar ne parvienne jamais à s’établir dans la LNH. Mais il y a aussi de bien meilleures chances qu’il y joue au moins 99 matchs selon ce modèle statistique, quelque chose de l’ordre d’environ 70 % pour un 26e choix au total comme lui.

C’est du moins ce que ça donne si on se fie aux repêchages de 2000 à 2009, comme l’a fait Jokke Nevalainen dans cette analyse datant de 2020 retrouvée sur dobberprospects.com et qui a recensé plus de 2000 joueurs durant cette période.

(Crédit: Capture d’écran/dobberprospects.com)

Au-delà des probabilités statistiques, plus on le regarde, plus on l’analyse, plus deux noms viennent en tête quand on le voit jouer : Ylonen et Lehkonen. Dans les deux cas, la clé de leur succès pour atteindre la LNH aura été le travail et la patience. Ce sera la même chose pour Mesar, qui n’a pas trop descendu dans notre estime depuis notre dernière évaluation l’été dernier. On lui reconnaît même un peu plus de potentiel.

Même si le jeune Slovaque a probablement un peu plus de talent brut que ses « comparables », il devra lui aussi travailler d’arrache-pied et faire preuve de patience avant de pouvoir faire le grand saut.

Lehkonen est arrivé en Amérique du Nord et s’est établi pour de bon dans la LNH à 21 ans, trois années complètes après son repêchage.

Ylonen aura 24 ans en octobre et a joué plus de 30 matchs pour la première fois la saison dernière seulement.

Un peu comme ces deux prédécesseurs, À 5’10, 168 lbs, Mesar n’est pas exactement fait en 2 x 4. Il lui faudra donc ajouter un peu de muscles au fil des ans et continuer à jouer dans ses forces : vitesse, contrôle de rondelle, tirs et sens du jeu au-dessus de la moyenne.

Mesar
Mesar avait plutôt bien paru aux côtés d’Owen Beck au dernier camp de développement du CH en juillet dernier.
(Crédit: Tony Patoine)

Il lui faudra aussi continuer à apprivoiser la culture et le style de jeu nord-américains. À ce chapitre, vivre en compagnie de son bon ami Slafkovsky dans la région métropolitaine sera probablement une excellente manière pour lui de s’acclimater en douceur.

Bien sûr, s’il avait dominé davantage à Kitchener l’an dernier, il serait plus haut sur cette liste, mais on ne s’en fera pas trop avec ses statistiques ordinaires dans la OHL (51 points en 52 matchs). Ce fut une année d’adaptation et il y a eu des petits hauts et des petits bas.

C’est vraiment à partir de cette année à Laval qu’on verra vraiment de quel bois se chauffe le jeune Mesar.

Disons que s’il n’inscrit que neuf points en 40 matchs comme Jan Mysak l’an dernier, sa valeur au sein de l’organisation en prendra évidemment pour son rhume.

Mais une production d’une trentaine de points et plus à 19 ans serait plutôt encourageante, puisqu’on ne le voit pas s’établir avec le CH avant l’âge de 21-22 ans. Donc, rien ne presse dans son cas.

Mais on se rappellera aussi que Jiri Kulich, celui (que je lui aurais préféré au 26e rang en 2022), en a inscrit 46 en 64 matchs en saison régulière dans la AHL et 11 en 12 en séries à 18 ans…

Mesar devra vivre avec cette comparaison inévitable, faire son propre chemin et « contrôler ce qu’il peut contrôler » comme le dirait Épictète… ou Stéphane Richer, c’est selon.

Toujours dans la foulée des Lehkonen et Ylonen, on anticipe donc davantage Mesar comme un joueur de 3e trio, mais avec sa polyvalence, sa vitesse et son talent, il pourrait aussi agir comme 3e roue sur un trio plus offensif et peut-être même se mériter un peu du temps de jeu en avantage numérique.

On sait qu’il aimerait sans doute retrouver « Batman » Slafkovsky sur son trio un de ces quatre, san doute une belle source de motivation pour « Robin » Mesar!

Mais Il faudra commencer par faire partie de la même équipe avant toute chose.

Le gros défi, il sera là pour Mesar et il devra se répéter ceci au cours des années à venir : « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage… », comme disait l’autre

13. Emil Heineman (dernier classement : mention honorable)

Potentiel : 32/40
Assurance : 14/20
Valeur d’usage : 22/30
Valeur d’échange : 6,5/10
Total : 74,5/100

Il ne faut pas partir en peur avec l’arrivée fracassante (7 buts, 9 points en 11 matchs) de Heineman avec le Rocket le printemps dernier. Il arrive fréquemment que des petits nouveaux surfent sur l’adrénaline et connaissent des séquences irrésistibles du genre à leurs débuts (voire Poehling, Ryan).

Heineman ne marquait vraiment pas à ce rythme dans la SHL et personne ici ne va lui prédire une saison de 50 buts avec le Rocket ou de 30 buts à Montréal!

Cependant, même s’il avait été blanchi à ses six derniers matchs à Laval après son départ canon, il apparaît assez clairement que son adaptation aux patinoires nord-américaines ne posera pas trop de problèmes. En fait, elle risque même de l’avantager, surtout avec le tir dévastateur qu’il possède et qu’il utilisera désormais souvent d’un peu plus près, un lancer qui rappelle étrangement celui de Victor Olofsson des Sabres, un marqueur d’une vingtaine de buts par année…

Aucun doute que Gorton et Hughes ont Heineman en haute estime, eux qui ont insisté pour que les Flames cèdent le Suédois dans l’échange impliquant Tyler Toffoli.

Heineman est fort, rapide, fougueux, et comme on le disait, possède un tir bien au-dessus de la moyenne. Il possède donc les outils pour être un ailier assez polyvalent et efficace dans un style nord-sud pouvant évoluer sur à peu près n’importe quel trio. S’il performe bien en avantage numérique à Laval, il pourrait bien avoir sa chance un jour à Montréal dans cette même phase de jeu. Des attaquants gauchers avec un tir comme le sien, le CH n’en aura pas beaucoup après le départ de Hoffman…

Reste à voir si Heineman saura développer un peu plus son intelligence requise sur 200 pieds pour se mériter rapidement une place au soleil dans la LNH. Ses lectures défensives sont encore à travailler, mais ce n’est pas l’Everest à gravir, on s’entend…

Comme plusieurs autres, l’ancien espoir des Panthers devra probablement faire preuve de patience avant d’avoir une vraie opportunité avec le Canadien. Mais celui qui aura 22 ans en novembre et qui compte déjà trois ans d’expérience chez les pros en Suède affiche déjà une confiance et un niveau de maturité dans son jeu offensif que d’autres non pas encore.

Gageons un vieux deux que quelques décisions administratives et/ou une couple de blessures lui garantiraient presque de jouer ses premiers matchs dans la LNH dès cette saison.

Il sera donc TRÈS intéressant de suivre sa progression avec le Rocket et voir s’il ne pourrait pas former un duo en début de saison à Laval avec son compatriote Lias Andersson.

Si les dominos tombent en place, ces deux-là pourraient apporter une belle bouffée d’air frais au Tricolore en cours de route.

Conclusion

En ajoutant Andersson aux Farrell, Mesar et Heineman, le Canadien se retrouve donc ici avec quatre attaquants aux profils un peu semblables « d’ailiers de profondeur avec un certain potentiel » qui se disputeront à des postes et des minutes de jeu dans les mois et années à venir autant à Laval qu’à Montréal.

Cela dit, ne sont pas des joueurs qui vont transformer l’offensive du CH et ils ne pourront probablement pas tous jouer avec le grand club à long terme.

Mais je crois que Heineman, par son gabarit, sa force physique, sa vitesse et son tir, se démarque un peu du lot et apporte des ingrédients plus rares que recherchent davantage les dirigeants de l’équipe. C’est pourquoi je lui accorde un peu plus de valeur que les autres dans ce décompte des espoirs les plus importants.

Mais on gardera aussi Lias Andersson à l’oeil de très près dans les prochains mois puisqu’il est sûrement celui qui est le plus près de la LNH avec l’éclosion qu’il a connue l’an dernier dans la AHL à 24 ans.

On reconnecte la semaine prochaine avec les positions 12 à 10!

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