Unités spéciales pas si spéciales : Slafkovsky fait partie de la solution

Ainsi va la saison actuelle du CH : gains réguliers contre les clubs hors des séries, défaites quasi-assurées contre les équipes puissantes…

Mais il y a des patterns et des problèmes qui datent de beaucoup plus longtemps autour de cette équipe et je veux bien sûr parler des unités spéciales déficientes.

Heureusement, une partie de la solution semble déjà se pointer à l’horizon…

L’avantage numérique

Sans en être le principal responsable dès son arrivée avec le club à 20 ans en 2018-2019, Nick Suzuki est néanmoins rapidement devenu le leader d’un mauvais avantage numérique. Il partage depuis déjà quelques années la tête d’affiche de ce trop souvent pitoyable jeu de puissance avec Cole Caufield.

Au cours des dernières années, Suzuki a été celui en charge des entrées de zone sur la première unité et il a plus souvent qu’autrement été le cerveau de cette unité le long du mur droit.

Caufield, un régulier du PP depuis son arrivée en 2021, occupe sans trop de succès le rôle de franc-tireur (trop souvent statique et prévisible) sur le flanc gauche.

Avant eux, on avait misé sur le gros lancer frappé de Shea Weber. Même Jeff Petry a eu ses moments de « gloire »…

Résultats des courses lors des 5-6 dernières années?

2018-2019 : 30e (13,25%)
2019-2020 : 24e (15,15%)
2020-2021 : 17e (19,21%)
2021-2022 : 31e (13,71%)
2022-2023 : 29e (16,03%)
2023-2024 : 23e (17,78%)

Rang moyen : 26e

Si on veut bien se concentrer sur l’ère post-Weber, Suzuki est un bon joueur de hockey, solide sur ses patins, de bonnes mains, capable de ruse, bon passeur, bon lancer.

Mais a-t-il la vitesse, la créativité et la portée idéales pour réussir régulièrement les entrées de zone avec aisance et efficacité, une phase cruciale du jeu de puissance?

Non.

Voir les McDavid, MacKinnon, Malkin (des beaux jours), Nylander et compagnie pour s’en convaincre encore davantage.

Ensuite, et peut-être surtout, est-il idéal de placer un tireur droitier sur le mur droit?

Non, non et non.

Voir entre autres les Kucherov, Draisaitl, Rantanen, Pettersson, Matthews, Nelson, Bratt et le Kane des beaux jours pour mieux apprécier l’avantage des tireurs gauchers depuis cette position.

D’autres se rappelleront aussi, l’Artiste, Alex Kovalev, circa 2007-2008…

À plus forte raison, en ce moment 10 des 11 meilleurs jeu de puissance comptent sur un gaucher sur le flanc droit en avantage numérique!

En voulez-vous des gauchers à droite sur le PP? Panarin est le seul droitier à cette position dans les 11 meilleurs jeu de puissance de la LNH!
(Crédit: covers.com)

Artemi Panarin est la seule exception avec les Rangers et regardez qui l’entoure dans la Grosse Pomme : Fox, Zibenajad, Kreider et Trochek!

Je sais bien que Suzuki n’est pas aussi bien entouré que Panarin.

Mais je sais aussi qu’il n’aura jamais le talent de la supervedette russe.

Bref, après toutes ses années de vache maigre, il est PLUS QUE TEMPS de revoir le rôle de Suzuki sur le jeu de puissance.

Here comes Slafkovsky!

Quand le Canadien a repêché Slafkovsky au tout premier rang en 2022, c’était entre autres parce qu’au-delà de son gabarit imposant, il voyait en lui un joueur capable d’assumer deux rôles clés en avantage numérique : transporter la rondelle et éventuellement patrouiller le mur droit en tant que gaucher.

Pour la première fois de sa jeune carrière, Slafkovsky s’est retrouvé à droite de la première unité de l’avantage numérique lundi dernier contre le Kraken et les résultats n’ont pas tardé à venir.

Sa présence et son excellente protection de rondelle sur ce flanc ont permis à Suzuki de se rapprocher de Caufield en bas de zone du côté gauche, ce qui leur permet de s’échanger beaucoup plus facilement la rondelle et de créer des jeux comme celui-ci :

Plus on alimentera Slafkovsky sur le flanc droit, plus on libérera Suzuki, Caufield aux abords du filet, plus ceux-ci pourront faire opérer leur magie…

Complètement oublié du côté droit à cause du duo Caufield-Suzuki à gauche, c’est alors que Slafkovsky pourrait bénéficier de passes transversales qui suspendront tout le monde.

Dans la même veine, je trouve que le gaucher Matheson à la pointe aurait intérêt à refiler le disque plus souvent au Slovaque, le mouvement vers la droite étant plus naturel et fluide que vers la gauche à Caufield…

Et, au fait, en plus d’avoir raté quelques chances lui-même, suis-je le seul à penser que Slaf devrait normalement avoir 5-6 passes de plus au compteur cette année? Combien d’occasions en or Anderson, Caufield et Suzuki ont-ils raté sur ses savantes mises en scène cette saison?

On peut dire sans se tromper que statistiquement parlant, le 20 a été anormalement malchanceux depuis de le début de l’année.

La loi de la moyenne va bien finir par régner et on assistera alors à l’éclosion offensive du premier choix de 2022.

Bref, offensivement, il n’a qu’à continuer de progresser en se faisant confiance.

Le désavantage numérique

Martin St-Louis soulignait dernièrement, avant même sa solide performance au sein du premier trio contre le Kraken, les qualités défensives de son ailier de puissance.

En plus de faire des progrès visibles depuis la Lune avec la rondelle, ce dernier commence de plus en plus à ressembler à un joueur dominant sans la rondelle.

Bonne anticipation du jeu, excellent en repli, bon positionnement, bon équilibre entre la ruse et l’agressivité, bon bâton, rapide, longue portée, etc.

Or, tristement, le Tricolore en arrache encore plus cette saison à court d’un homme qu’en supériorité numérique.

Et, comme pour cette dernière phase de jeu, les problèmes ne datent pas d’hier. Ils sont apparus au lendemain de la finale de la Coupe Stanley à l’automne 2021 (oui oui, cet évènement historique assez récent est arrivé pour vrai!).

2023-2024 : 29e (73.40%)
2022-2023 : 29e (72,73%)
2021-2022 : 27e (75,46%)

Plusieurs l’auront oublié, mais avec Price, Danault, Lehkonen, Weber, Edmundson, Chiarot, Petry et compagnie, le Tricolore avait terminé au premier rang des séries en 2021 avec un pourcentage d’efficacité de plus de 91,8%…

Bien sûr, l’efficacité en infériorité numérique semble surtout reposer sur le bon schéma tactique plus que sur les individus. À cet effet, le CH essaie d’implanter (avec un succès très mitigée) la formation du « diamant » depuis le début de la saison, une formation censée permettre un peu plus d’agressivité sur le porteur du disque et plus efficace pour couper les lignes de passes transversales.

Or, on lit également dans ce texte de Simon-Olivier Lorange de La Presse, qu’il faut jouer avec passion et avec fierté pour dominer dans cette phase de jeu.

Here comes Slafkovsky again!

En plus des belles qualités défensives qu’on vient de lui reconnaître, on sent bien toute la passion et la fierté qui l’animent dans les efforts défensifs du Slovaque à chaque fois qu’il saute sur la patinoire.

Tout le monde est un peu tout croche sur le PK cette année, mais disons que « passion », « fierté », et même si je ne suis pas le plus grand fan des tirs bloqués coûte que coûte, un certain sens du sacrifice, sont des ingrédients manquants aux attaquants désignés pour le désavantage numérique cette saison…

La volonté de plus en plus évidente de Slaf de faire la différence chaque fois qu’il foule la patinoire transcenderait probablement aussi dans cette phase de jeu. Et avec sa charpente, sa portée et sa mobilité, il couvrirait pas mal de terrain entre le joueur de pointe et les ailiers…

Ce n’est probablement pas pour demain matin, ni même cette saison qu’on lui ajoutera ces missions délicates, mais ça viendra bien assez tôt.

Un cheval de trait a besoin de travailler pour être à son mieux…

Slafkovsky, devenu l’ultime joueur complet, serait alors assuré de jouer autour de 20 minutes par match.

En plein ce qu’on peut espérer d’un premier choix au total.

De plus en plus dominant à 5 contre 5, joueur clé en PP et éventuellement en PK, voilà un package qui commencerait à ressembler drôlement à celui de son légendaire compatriote Marian Hossa...

Prolongation

Parlant de comparable audacieux, certains m’ont pratiquement déclaré mûr pour l’asile suite à mon texte de la semaine dernière où, dans un tableau de projection incluant des comparables, j’osais placer le nom de Ryan Getzlaf aux côtés de celui de Kirby Dach.

Or, plusieurs semblent avoir oublié que Getzlaf avait connu des débuts très semblables à ceux de Dach, même qu’à certains égards, on peut penser que Dach n’aurait jusqu’ici absolument rien à envier à Getzlaf.

En effet, Getzlaf, 19e au total en 2003, avait joué sa première saison dans la LNH à 21 ans comparativement à 18 ans pour Dach, 3e au total en 2019, (derrière J. Hughes et Kappo Kakko).

Dach, à sa saison de 21 ans, avait montré presque exactement les mêmes statistiques que l’ancienne gloire des Ducks avec 38 points en 58 matchs. Getzlaf en avait fait 39 en 57, tout ça dans un style puissant et lourd, assez semblable…

Si on augmente le coefficient de difficulté avec une règle de trois, sur 82 matchs ça aurait donné 53 points. Toujours à 21 ans…

Dach, en aurait fait combien cette année à 22 ans?

Est-ce complètement fou de penser qu’il aurait dépassé les 58 points de Getzalf au même âge?

Pour ce que ça vaut, Il en avait 2 en 2 matchs et était probablement devenu, de l’avis d’une majorité de commentateurs, le meilleur attaquant du CH…

Je pense que plusieurs ont dû idéaliser le joueur qu’était Getzlaf, en ont fait une espèce d’archétype plus grand que nature.

Pourtant, sans rien lui enlever, au strict plan offensif, en plus d’avoir présenté un profil très semblable à celui de Dach dans le junior, Getzlaf n’a réussi à maintenir une moyenne d’un point par match que lors de 7 des 17 saisons qu’il a joués. Il n’a aussi franchi la marque des 80 points qu’à trois reprises…

S’il peut finir par éviter l’infirmerie, est-ce une carrière impensable pour Dach qui, à 22 ans, on le répète, n’a rien absolument rien à envier au gros Saskatchewannais statistiquement parlant?

Mais bon, vous pouvez continuer de penser qu’on ne peut comparer une pomme avec un pomme si ça vous chante. C’est votre droit le plus légitime!

À plus!

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